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Le massage psycho-somato-intuitif

Les émotions n’occupent pas que notre mental. Elles vivent dans le corps, s’y propagent comme des ondes à la surface de l’eau, et parfois s’y inscrivent durablement. A force d’emprunter telle ou telle voie dans nos tissus, elles dessinent des chemins, tracent des autoroutes neuromusculaires que peu à peu nous privilégions, au détriment de sentiers à l’abandon. En circulant dans notre corps, les émotions nous structurent. Et leurs empreintes vont finalement nous conditionner dans notre façon de ressentir le monde et de vivre la relation.
Vmanu

Comme une corde de violon, qui vibre différemment selon sa tension, nos tissus, qu’ils soient peau, muscle, fascia ou os, laissent courir les émotions ou au contraire les bloquent. Un traumatisme, une frustration, une incompréhension ?… et voilà qu’apparaît une retenue dans le corps, un obstacle que la vibration émotionnelle ne pourra plus franchir naturellement. Un moment de bonheur, une vague émotionnelle plus douce, un sens donné à une souffrance d’autrefois ?… et c’est tout un champs oublié de soi-même qui est réinvesti et qui s’ouvre à nouveau à la vibration et à la sensation.

Dans le cadre d’un travail sur soi, il est intéressant d’engager son corps dans la compréhension de ses peurs, de ses colères, de ses joies, de ses dégoûts ou ses tristesses. « Le corps ne ment pas », dit-on ; il nous parle de notre histoire physique et psycho-émotionnelle. L’écouter est déjà une façon d’avancer ; l’accepter dans son intégralité, avec ses forces et ses faiblesses, c’est s’offrir une forme d’amitié intime qui peut nous soutenir dans bien des épreuves.

Un corps palpable, qui dit sa souffrance et sa jubilation d’être.

Travailler sur soi est une démarche honnête et enrichissante. Impliquer son corps dans ce travail est peut-être encore plus courageux, comme si l’on abordait autrement sa propre réalité, avec moins de détours, moins d’abstraction. Car le corps est là, palpable. Comme un grand livre qui consigne notre naissance, notre enfance, notre adolescence et les grands moments de la vie. La relaxation, le travail corporel, la danse-thérapie ont tous en commun de libérer les tensions et les restrictions du mouvement. Le massage intuitif, lui aussi, prétend  » fluidifier  » la vie. Quand en plus il prend une dimension somatothérapeutique – qu’il invite à faire le lien entre les tensions physiques et les causes émotionnelles de ces blocages – il devient un levier puissant de compréhension de soi et d’évolution.

Les trois piliers théoriques du massage intuitif somatothérapeutique.

Le massage psycho-somato-intuitif, ou massage somatothérapeutique, s’appuie, d’abord, sur la vision reichienne d’un corps plus ou moins cuirassé qui fait obstacle ou non à la circulation de l’énergie vitale suivant un principe de polarité plaisir versus angoisse. Pour Wilhelm Reich, le corps dans lequel l’énergie circule librement est vu comme sain, tandis que celui dont un ou plusieurs anneaux de restriction font obstacle à l’écoulement de l’énergie coïncide avec l’état névrotique. En cela, on peut dire du massage somatothérapeutique qu’il est un massage néo-reichien.

Il s’inclut ensuite dans la tradition de la psychothérapie humaniste. Pour Carl Rogers, trois attitudes sont fondamentales pour offrir à la personne les conditions qui permettent à la tendance naturelle au développement de soi de s’actualiser : l’accueil inconditionnel du client, la congruence du thérapeute dans la prise de conscience et l’expression de ses ressentis, et l’écoute empathique. Ces trois compétences développées par les masseurs intuitifs sont nécessaires autant pendant le massage que dans le cadre de la relation qui l’inclut et le balise.

Enfin, le massage intuitif partage les conceptions de l’ostéopathie biodynamique ou ostéopathie fluidique imaginée par Rollin Beckert, d’après les découvertes de William Sutherland. L’ostéopathie considère le corps comme une unité. Leur vision est donc holistique, comme l’est notre approche. Le massage intuitif fait le constat que toute perturbation d’une partie du corps, qu’elle soit d’origine émotionnelle ou traumatique, a un impact sur les autres régions du corps via des interactions membraneuses, myofasciales, articulaires, osseuses, neurologiques, vasculaires ou énergétique. Sutherland préconisait déjà de « permettre à la fonction vitale interne de manifester sa puissance infaillible, plutôt que d’appliquer une force aveugle venue de l’extérieur« . Comme eux, le masseur intuitif consacre une écoute intense aux corps tissulaire, fluidique et énergétique et, à travers eux, à la personne massée. Cette écoute intense se rapproche de l’empathie décrite par Carl Rogers. Quant à l’action bienfaitrice de la « fonction vitale », permise par l’atteinte de la tranquillité, elle est à l’image de la tendance actualisante définie par les psychologues humanistes. Des processus d’autoguérison et d’autorégulation se mettent en mouvement dans le corps de la personne massée (et parfois dans le corps du praticien lui-même). La prise en considération, par un praticien empathique, congruent et sans jugement, de la personne dans l’ensemble de ses dimensions, est la clé de son évolution.

« Chaque tension musculaire contient l’histoire et la signification de son origine » constatait déjà Wilhelm Reich. Le massage – c’est son aspect découvrant – permet d’interroger sans mots les origines émotionnelles de chaque blocage énergétique, d’amener la personne à prendre conscience de ses déséquilibres, de ses raideurs, de ses trous dans le corps, de ses ruptures et de ses fulcrums inertiels, pour en comprendre le sens. Il peut aussi – par son côté recouvrant – refermer les blessures symboliques, relier les parties d’un corps vécu comme morcelé, reconstruire, unifier, harmoniser.

Une relation intime et réciproque.

La relation silencieuse qui s’instaure à travers le toucher n’est pas neutre. Elle est intime et réciproque : lorsqu’on est touché, on touche en même temps. La qualité de toucher s’inscrit dans l’histoire de chacun. Comment a-t-on été touché et embrassé ? Avec qu’elle sérénité ou au contraire quelle appréhension, ressentie inconsciemment, a-t-on été caressé, soigné, coiffé, nettoyé et porté dans notre enfance ? De cette histoire tactile, il reste une façon bien à soi de toucher et de se laisser toucher, de s’ouvrir ou de se fermer au contact de l’autre. Ces ouvertures, ces fermetures, comme les émotions non résolues du passé, sont inscrites dans la structure du corps. Le massage va les mettre en évidence en révélant aux doigts du praticien les blocages et les fuites d’énergie, mais aussi les parties déjà fluides sur lesquelles il va pouvoir s’appuyer.

Pour la personne qui reçoit le massage, les blocages seront ressentis comme des douleurs, des tensions, des zones sans vie. En laissant un espace d’écoute aux perturbations – et pour autant que la relation de confiance et l’alliance thérapeutique se soient instaurées entre le masseur et le receveur – elles vont se mettre à « parler ». Elles vont raconter le pourquoi de leur origine, les souffrances qu’elles renferment et les raisons pour lesquelles elles n’ont pu s’en défaire. Après l’expression de ce trop plein de souffrance, qui peut se faire par la parole mais aussi par des mouvements spontanés de libération ou par des larmes, des cris, des rires, vient le moment de l’apaisement : la perturbation se transforme en courant régulier, simplement parce qu’elle a pu dire son existence.

L’émotion peut de nouveau circuler. La structure s’est modifiée. De cette transformation naît une façon différente d’aborder le monde et la relation. Même le passé, qui semblait si douloureux, si limitant, est réinterprété par une pensée plus compréhensive. Le corps, support du Soi, a lâché un poids qu’il n’a plus à porter. Il est plus mobile, plus souple, plus conscient de son axe et de son enveloppe, plus inscrit dans le présent, potentiellement plus disponible pour s’engager dans la relation ou dans l’action. En expérimentant sa nouvelle structure, la personne intègre un autre espace de possibles, dans lequel la vie est plus  » fluide « . Les émotions ne résonnent plus de la même manière en elle. Au lieu de bloquer contre les failles du passé, elles redeviennent ce qu’elles sont : une énergie motrice, créatrice, libre de circuler.

Manuel GASTAMBIDE
Fondateur de l’Ecole du massage intuitif

 

histoire du massage intuitif

Historique de la formation au Massage Intuitif

histoire du massage intuitif

C’est en juillet 2002 que se réunit la première session de formation de ce qui deviendra l’Ecole du massage intuitif. Elle est co-animée à Sormery (Yonne) par deux praticiens en massage, de personnalité très différente. D’un coté, Myriam THIERRY, Thérapeute psycho-corporelle en Normandie, de l’autre, Manuel GASTAMBIDE, sophrologue du sport et somatothérapeute à Lille.

Cet embryon de formation n’est pas leur première expérience de co-animation. De février 2000 à Mai 2003, ils interviennent régulièrement, avec Vincent MALLET, à l’Ecole Centrale de Paris pour former les centraliens à la gestion du stress et aux techniques de relaxation dans le cadre de leur option « sciences humaines ».

La période hédoniste, en quête de sensorialité.

Leur association offre une complémentarité fructueuse. Myriam THIERRY, thérapeute transpersonnelle, est capable d’emmener les stagiaires très loin dans leur développement personnel. Manuel GASTAMBIDE se montre plus rationnel et rassure par sa capacité à expliquer la démarche. Il travaille essentiellement sur la structure de la formation pour qu’elle conduise les stagiaires à trouver leur façon de masser et révéler naturellement leurs capacités, tandis que sa collègue apporte l’essentiel des premières techniques.

A deux, ils vont former quatre sessions de stagiaires, en Bourgogne et en Normandie, au massage évolutif (M. THIERRY) et au massage somatothérapeutique (M. GASTAMBIDE) avant de mettre fin à leur collaboration.

Après la naissance de son premier enfant, Manuel GASTAMBIDE relance la formation seul, en 2005, en conservant l’esprit et l’éthique qu’il a insufflé à la formule précédente, mais en embrayant résolument sur le crédo pédagogique : partir des capacités des stagiaires, plutôt qu’imposer une vision. Ainsi, le masseur débutant est amené à trouver ses propres solutions aux problèmes qu’il rencontre, car « le massage est une relation intime, et la manière de masser est trop personnelle pour être formatée par un autre. Notre histoire avec le toucher et notre expérience de vie façonnent notre geste et l’intention que nous y mettons. Cet élan doit être absolument respecté chez les stagiaires. La richesse intérieure des masseurs fait la richesse du massage, et non l’inverse« . De cette vision renait une pédagogie déroutante qui évite les démonstrations, jusqu’à les bannir, au profit des gestes spontanés apportés au groupe par chaque participant. Une méthode d’apprentissage dans laquelle la dynamique du groupe est fondamentale et spécifiquement travaillée.

En 2006, trois formateurs et masseurs rejoignent la structure. Sook PASQUIER, spécialiste de la relaxation coréenne, elle aussi intéressée par le lien entre la psychologie et le corporel. Nathalie VIALLET, formée au massage chinois, énergie et compétence qui manquaient à la formation pré-existente. Claude PARISOT, professeur d’E.P.S. et relaxologue. Tous trois sont passés, entre autres formations, par l’école qu’ils rejoignent.

La période eudémoniste, en quête de sens.

L’équipe travaille à une nouvelle structure pédagogique qui respecterait davantage la complexité du massage en tant qu’art et relation. Alors que la première logique était binaire (holistique/séquentielle) et collait à la distinction californien/suédois, la nouvelle approche est transversale aux différents massages enseignés.

Un module explore donc la dimension physique des massages, c’est à dire l’aspect le plus concret, le plus palpable, le plus anatomique, et ce qu’il apporte en terme de confiance, d’enracinement, de conscience du schéma corporel.

Le deuxième module explore l’aspect perceptif du massage. Sans finesse ni tact, le masseur est sourd et aveugle, incapable de bien lire le corps et le besoin de l’autre, et se trouverait comme un éléphant dans un magasin de porcelaine.

Le troisième permet de faire l’expérience du lien entre émotion et massage, en s’appuyant sur les principes de la somatothérapie appliqués au toucher. C’est l’apport de départ de Manuel Gastambide qui se concrétise dans un module à part, repris plus tard intégralement par Sook Pasquier.

Ce trépied pédagogique perdurera 14 ans, jusqu’à l’éclatement de 2021 sur lequel nous reviendrons plus bas.

Un module supplémentaire (techniques de relaxation) apparait en marge de la formation pour vivre l’induction de la détente par d’autres moyens que le massage, dans l’objectif de mieux comprendre encore les effets qu’il a sur le corps.

Cette logique transversale est mise en place à partir de janvier 2008, après l’arrivée dans l’équipe de Bénédicte BALLEREAU, elle aussi masseuse, formée à l’analyse transactionnelle. Bénédicte, très habituée à travailler avec le personnel hospitalier sur la question du toucher et du contact, n’enseignera que deux années à l’Ecole du massage intuitif.

Sur ce socle de l’Ecole du massage intuitif, Manuel GASTAMBIDE développe alors un cycle II, à l’attention des masseurs professionnels en exercice, pour leur proposer, à l’instar des psychothérapeutes et de leur obligation déontologique de supervision, un module d’analyse de pratique leur permettant de travailler les transferts et contre-transferts en oeuvre dans leurs relations avec leur patientèle ou clientèle régulière.

En 2010, l’administration du travail et de la formation professionnelle déclenche un contrôle complet de l’activité de formation professionnelle de l’Ecole du massage intuitif. 54% des stagiaires des sessions de 2009 ont alors un numéro de siret et sont installés professionnellement comme Praticiens en massage de bien-être. Le combat est rude et répond à une demande du gouvernement d’exclure du champs de la formation professionnelle les activités « qui ne correspondent pas à de vrais métiers ». C’est dire si la pratique professionnelle du massage en France est encore loin de s’imposer comme une évidence ou un fait de société, bien que le besoin de bienveillance soit immense. L’activité de formation professionnelle est finalement reconnue par l’administration. Ce contrôle a été l’occasion pour l’organisme de formation de clarifier les quelques ambiguïtés qui demeuraient et débouche sur une transmission plus étoffée des objectifs pédagogiques, des capacités attendues des stagiaires et de leurs pré-requis. La structure change de statut pour devenir une S.A.R.L. dénommée Ecole du Massage Psycho-Somato-Intuitif (EMPSI Formation).

En 2011, Benoît GOSSAY, masseur kinésithérapeute, rejoint l’équipe des formateurs. Il travaille sur la question du bien-être viscéral et de ses effets déstressants. Il étoffe la dimension physique de la formation par son approche « musclée » du bien-être, puis par une démystification de la connaissance anatomique, pour amener chacun à se réapproprier la connaissance de son corps.

colloque du massage bien-être ffmbe 2015

    A partir de 2012, l’Ecole du massage intuitif rejoint la Fédération Française de Massage Bien-Etre. Manuel GASTAMBIDE est élu administrateur de la FFMBE en septembre 2013 pour y conduire un projet de colloque, regroupant et promouvant les discours sur le massage et le bien-être (in « La Massagère, n°14 », p.16). Avec son arrivée au Conseil d’Administration, la question de l’importance du travail sur la relation entre praticien et receveur du massage bien-être prend de l’ampleur au sein de la FFMBE.

La tenue du premier colloque professionnel du massage bien-être sera un moment marquant de la profession. Regroupant, pour la dernière fois, plusieurs pionniers du métier de masseur en France : Jean-Louis Abrassart, Claude Camilli, Ulla Bandelow, Joël Savatofski, Christian Hiéronimus, et de nombreux praticiens des générations suivantes, il opère une sorte de jonction historique entre les premiers et ceux qui prennent le relais, animant les participants d’une émotion sincère. Le colloque fait une place importante à d’autres disciplines qui éclairent la pratique du massage répondant au voeu de Manuel Gastambide d’une rencontre éclectique. Pour la Gestalt, Marie-José de Aguilar ; pour l’entreprise, Eric Monnoyer ; pour le cinéma, Thierry Cormier ; pour le spectacle et la psychiâtrie, Aboudé Adhami ; au total plus de 20 intervenants précieux, pour 200 participants. Voir le programme du colloque.

Pendant ce temps, l’Ecole du massage intuitif, qui a ouvert une antenne supplémentaire près de Nantes, développe davantage son cycle II, intitulé « Savoir accompagner ». David COUECOU, praticien en massage bien-être et art-thérapeute rejoint l’équipe pour enrichir ce thème crucial des modalités d’accompagnement des personnes qui viennent dans nos cabinets et ateliers pour se détendre, certes, mais aussi pour comprendre leur relation au corps, leur relation aux plaisirs, leur relation aux stress et leur sensorialité. Donner des outils aux futurs praticiens pour savoir accueillir les émotions exprimées par les clients, et savoir accompagner leur envie de s’épanouir sans imposer un point de vue extérieur, est bienvenu pour professionnaliser davantage encore le parcours des stagiaires. Au total, entre le cycle I et le cycle II, il est proposé en 2014 plus de 350 heures de formation, auxquelles s’ajoutent les analyses de pratique.

La période argentine, en quête d’une nouvelle corporalité.

En quête de nourriture corporelle et intellectuelle, EMPSI Formation décide de mener un projet d’exploration en Amérique du sud, dans le but d’y nouer des partenariats avec différentes écoles de massage, de gestalt, de psychogénéalogie, de chamanisme et d’aromathérapie. La culture argentine conjugue une longue histoire psychanalytique, une tradition ancestrale en lien avec la Pacha Mama, et une façon de vivre le corps bien différente de celle qui prévaut en France. Les premiers liens sont noués en 2016 à Buenos Aires, année pendant laquelle Manuel Gastambide intervient dans différents projets et rencontre plusieurs approches du massage et de l’accompagnement. Plus que dans les techniques, c’est dans la façon de vivre le corps que l’école puisera une part de son inspiration.

Parallèlement, l’Ecole du Massage Intuitif prend d’avantage de corps et d’envergure. Sur la période, elle recrute Delphine Henry (relaxation, yoga, méditation de pleine conscience), Caroline Maisonneuve, Bérengère Simoens, Yannick Poilsdessous, et lâche les freins qui retenaient son développement. En septembre 2017, elle ouvre une session à Lille et le 2 octobre 2019, elle monte ses tables de massage à Paris, rue Labat, dans le 18ème arrondissement.

Conférence sur la professionalisation du massage en France.

Anne-Sophie Van Nuvel, David Couécou et Delphine Henry lors d’une conférence sur l’installation professionnelle des praticiens en massage bien-être (Lire le résumé de cette conférence)

C’est aussi à ce moment qu’Estelle Thiébaut rejoint l’équipe administrative comme salariée. L’EMPSI intègre le réseau « A fleur de peau » et sa certification inscrite au Registre National de la Certification Professionnelle. Depuis le résultat du contrôle de l’administration de la formation professionnelle et ses conclusions définitives en mars 2011, la vision professionnalisante de la formation n’a cessé d’évoluer. Le grand challenge que relève l’Ecole du Massage Intuitif dans cette période est de rendre compatible, sans les dénaturer, une vision originale du massage et de sa technique, une approche avant-gardiste de la pédagogie qui continue de surprendre les stagiaires, et les exigences posées par la formation professionnelle en matière d’évaluation et d’ingénierie de formation. Au sein de l’équipe historique, c’est Nathalie Viallet qui contribue le plus à cette gymnastique pédagogique, pour la rendre efficiente sans perdre ce qui fait la force, l’originalité et l’intérêt de l’approche de l’école depuis le début de sa maturité.

Big bang et reconstruction d’un nouvel univers.

Cette période, plus professionnalisante que jamais dans l’histoire de l’Ecole du Massage Intuitif, se fracasse le 18 mai 2020. En pleine période de pandémie au coronavirus, au sortir du confinement généralisé, alors que l’embrassade est encore proscrite et la distanciation physique obligatoire, EMPSI Formation sort du réseau RNCP « A fleur de peau ». La branche de l’esthétique y a pris le pouvoir. Dire que le massage est un outil d’accompagnement, qu’il joue un rôle dans le retour à l’équilibre psychique des personnes qui le reçoivent est devenu un gros mot. Il faudrait faire du massage en n’étant rien, ne revendiquer aucune valeur humaniste, se fondre dans le conformisme de la consommation des soins esthétiques et dans la vente de produits. L’EMPSI refuse cette compromission qui voudrait que le massage soit un service commercial et rien d’autre. Les stagiaires de l’école sont abasourdis. L’équipe est assommée. La salariée licenciée.  Economiquement, il faudra gérer une réduction de chiffre d’affaire de… 90% ! entre 2021 (les sessions en cours sont poursuivies jusque décembre) et 2022. Cependant, un espoir naît : celui de pouvoir à nouveau courir sans laisse !

Gambader librement dans les prés ! voilà qui redonne l’envie de construire pour que soit reconnues les dimensions intuitive, humaniste et néoreichienne du massage. C’est un peu l’esprit d’Esalen qui souffle sur les braises de l’Ecole du Massage Intuitif. Un esprit de renouveau directement revenu de la source : les années 1970, le berceau de la psychologie humaniste, de la gestalt et du massage californien. Une époque où l’on faisait exploser les contraintes pour découvrir sous sa cuirasse, la douceur de la nature humaine. Michael Murphy, l’un des fondateurs de l’institut Esalen l’imaginait capable de « promouvoir un développement harmonieux et global de la personne. Un organisme d’apprentissage qui explore le potentiel humain, et résiste aux religions, aux sciences et autres dogmes« . Or le problème du massage professionnel en France au début des années 2020 est sans doute son excès de puritanisme.

Afin de se sentir libre de réécrire une page de l’histoire du massage humaniste, l’Ecole du Massage Intuitif se dédouble. Une partie de l’équipe, attachée à la formation professionnelle et prête à en assumer les contraintes réglementaires, crée l’organisme de formation F2M Massage & Mouvement, dédié à la formation professionnelle initiale (enregistré en novembre 2020). Une autre partie, avec quelques intersections, crée Ecouter son élan, un regroupement qui explore  les différentes dimensions du massage et de l’accompagnement. Finalement, seul Ecouter son élan restera dans le giron de l’Ecole du Massage Intuitif. Trois personnes de l’ancienne équipe le font vivre : Benoît Gossay, Bérengère Simoens et Manuel Gastambide.

A cette époque (2021-2022), l’EMPSI s’intéresse à deux axes :

1- Le toucher intuitif formalisé par Benoît Gossay, à partir de sa grande expérience de soignant en cabinet de kinésithérapeute. Outre sa pratique, Benoît est un chercheur invétéré. Il avait très tôt évoqué à l’EMPSI la question du ventre comme deuxième cerveau, et cela bien avant que ce thème devienne à la mode (lire l’article publié en décembre 2015). Dans cette nouvelle réflexion du groupe Ecouter son élan, il amène énormément de compétences sur les questions de l’anatomie et du toucher : lorsque le mouvement du massage s’arrête et que la main perçoit les mouvements intérieurs au corps, ceux explorés par l’ostéopathie. Il apporte, entre autre, la lecture des restrictions de conscience de Pierre Tricot ; l’équipe pédagogique restreinte se forme aussi à la résilience tissulaire, avec Patrick Ghossoub. Benoît rêve de transformer l’Ecole du Massage Intuitif en Ecole du Toucher Intuitif. Il n’y a d’ailleurs plus de formation initiale. La formation s’adresse à des masseurs en exercice, à l’exclusion des débutants renvoyés vers F2M, ou d’autres organismes de formation dont l’approche est compatible avec l’esprit du massage humaniste.

2 – L’accompagnement par le massage, poursuivi et augmenté par rapport au cursus originel. Avec de plus en plus de notions de somatothérapie apportées aux stagiaires, l’EMPSI développe enfin un cycle de développement personnel permettant aux praticiens de travailler sur eux avec le massage. Rendu possible par une liberté retrouvée en quittant la logique de la formation professionnelle et ses contraintes administratives, une thérapie didactique est mise en place : l’atelier « Exercer son talent d’accompagnant » montre aux professionnels du massage comment la continuité du lien avec leurs clients peut être féconde en termes d’évolution personnelle, voire de métamorphose. Il est réaffirmé que, éthiquement, il est inenvisageable d’accompagner des clients dans la compréhension d’eux-mêmes, sans faire soi-même le chemin. Dans la logique de ce parcours mêlant travail sur soi et fondamentaux théorico-pratiques de l’accompagnement amenés par Antoine Lécolle (un nouveau somatothérapeute formé par Richard Meyer et gérant de Somathéra) qui a rejoint l’équipe de l’EMPSI en 2022, il est aussi proposé des séances de supervision en ligne qui sécurisent les praticiens et les aide à clarifier les ressorts de leur pratique, les transferts et contre-transferts en oeuvre dans la relation masseur-receveur.

L’axe 2 appelle très vite la création d’une nouvelle proposition de formation pour les débutants. En effet, beaucoup de stagiaires renvoyés vers d’autres organismes de formation dont F2M disent ne pas y trouver le même attrait humaniste. Caroline Maisonneuve imagine alors, puis fait fonctionner, un réseau de praticiens installés, anciennement formés par l’EMPSI, qui délivrent des formations initiales, en « immersion » dans leurs cabinets, permettant ainsi aux stagiaires initiés de rejoindre le cursus « accompagner par le massage ».

En 2023, après avoir pu délivrer les principes du toucher intuitif à une petite quarantaine de professionnels du massage, l’axe 1 s’autonomise et prend son envol au sein d’une nouvelle école : Lumen formation. C’est le 4ème essaimage des valeurs et de la logique pédagogique de l’Ecole du Massage Intuitif (un organisme de formation créé à Sens en 2012 et fermé depuis, F2M en 2021, la relance d’une formation massage au sein d’Isthme formation par Bérengère Simoens en 2022, et Lumen en 2023).

L’EMPSI reste surtout une école de pensée du massage humaniste de laquelle se revendiquent ouvertement environ 300 praticiens. Elle se recentre à nouveau sur son ADN de base : l’accompagnement par le massage. Une nouvelle équipe de direction est mise en place en 2023, constituée de Caroline Maisonneuve, Antoine Lécolle et Manuel Gastambide, avec le projet d »approfondir la dimension somatothérapeutique de l’Ecole du Massage Psycho-Somato-Intuitif, en gardant l’esprit artisanal renforcé par l’idée des formations locales en immersion.

A suivre…

masseuse intuitive

Comprendre et approfondir l’intuition.

La mise en veille de nos capacités d’analyse favorise notre intuition, mais n’aide pas à en bâtir une définition. Analyser l’intuition reste une nécessité pour la comprendre et en faire bon usage.
 

L’intuition est une capacité que nous possédons tous. Nous pouvons en développer l’usage par la pratique. Elle nous permet d’accéder à une perception, à une connaissance plus directe, plus intérieure. L’intuition est très facilitante dans deux champs distincts : la prise de décision et la relation à l’environnement au sens large. Elle permet des raccourcis qui nous font gagner du temps. Son intérêt est d’autant plus vif lorsque l’environnement présente une complexité susceptible de noyer notre réflexion.

Pour avancer dans notre compréhension de l’intuition, nous pourrions dire qu’elle est le fait de savoir quelque chose sans avoir aucune idée de pourquoi on le sait. Une capacité différente de la pensée, de la logique ou de l’analyse. Un savoir sans savoir.

L’intuition est aussi un mode de connaissance indépendant de la raison. Elle ne provient pas d’un processus rationnel, d’une réflexion ou d’une déduction, ce qui laisse penser qu’elle ne concerne pas principalement la partie néocorticale du cerveau. Elle s’appuie sur l’accumulation antérieure de connaissances acquises au cours d’expériences (les souvenirs, la reconnaissance de schémas, le conditionnement… ) et sur l’organisation intérieure et inconsciente de cette connaissance.

masseuse intuitive

L’expression de l’intuition procède de façon immédiate et représente une forme de compréhension directe et spontanée. Il s’agit d’accéder à une source qui semble provenir des profondeurs de notre être, et non de l’extérieur. Nous avons, en chacun de nous, des connaissances que nous recherchons généralement dans le monde qui nous entoure. L’intuition serait une voie d’accès à cette source d’informations, d’autant plus insoupçonnée qu’elle échappe à la conscience. C’est ce qui donne son caractère mystérieux à notre intuition et nous fait la relier parfois à toutes sortes de croyances sur sa provenance (mystique, ancêtres, vies antérieures, pouvoir divin… )

Savoir se fier à l’intuition.

Pour pouvoir se fier à notre intuition, nous devons d’abord la distinguer des perceptions provenant de nos émotions et de celles issues de notre intellect. Si notre intuition n’est pas juste, il se peut que ce n’en soit pas une. Il arrive que nos émotions, nos jugements ou nos interprétations entrent en jeu et se mêlent à nos perceptions intuitives. Ce que nous prenons alors pour des intuitions ne sont en fait que l’expression de nos peurs, de nos désirs, de nos a priori ou de nos croyances. Au fur et à mesure de leur apprentissage à l’Ecole du massage Intuitif, les stagiaires apprennent par exemple à discerner de mieux en mieux ce qui peut être de l’ordre de la connaissance intuitive et ce qui relève d’une production de croyances ou d’un désir-à-la-place-de-l’autre qu’il serait tout à fait néfaste de confondre avec une intuition.

En deuxième lieu, il est fondamental de se décaler de la certitude lorsque l’on s’appuie sur l’intuition. Il est sain de toujours garder une place au doute lorsque l’on agit. C’est d’autant plus vrai lorsqu’il est question d’intuition, du fait qu’elle échappe à la conscience. Ce qui est le plus susceptible d’inadéquation de notre action conduite par l’intuition serait de s’enfermer dans une certitude rigidifiée par notre désir de toute puissance sur l’autre ou sur l’environnement. Si le chemin est erroné, rien de grave tant que l’on s’en rend compte le plus vite possible. C’est la fonction du doute de nous éclairer rapidement sur nos choix erronés. Humilité, donc, devrait rimer avec intuition.

Enfin, séparée de la rigueur de l’analyse, l’intuition est un guide versatile à la fiabilité incertaine et conduit aussi bien au succès qu’au désastre. Pourquoi ne pas combiner nos différentes capacités cognitives et, surtout lorsque la tranquillité d’esprit le permet, pourquoi ne pas reconsidérer nos intuitions à la lumière de l’analyse ? Le feed back d’un client, par exemple, est souvent une bonne assise pour confirmer ou infirmer une intuition qui nous a conduit à lui proposer un choix de technique ou d’approche tactile ou relationnelle.

Ces trois pièges étant écartés, l’utilisation de l’intuition pour comprendre une situation complexe, y faire face et prendre les bonnes décisions, se révèle d’une puissance colossale. Il serait dommage de se priver de cette capacité cognitive pour agir.

Manuel GASTAMBIDE,
Directeur de l’Ecole du Massage Intuitif

Des rentrées toute l’année

Notre éthique du massage, du bien-être et de l’enseignement vous conviennent ?

Prenez contact avec notre coordinatrice : Estelle Thiébaut disponible tous les matins de 9h à 13h au 06 47 00 65 50 ou par mail.

Les démarrages de formation ont lieu régulièrement au cours de l’année.

Nous vous renseignons et vous accueillons avec plaisir.

 

L’amour de l’ennemi – Guillermo Leone

Le massage paraît très éloigné de l’adversité. Pourtant, dans les relations qui nous font grandir, il y a la rencontre de la confrontation. Si le massage lui-même n’est pas la technique privilégiée du conflit et semble même s’y opposer, il offre dans le cadre du travail psychothérapeutique, une opportunité de se « frotter » à l’autre. A l’occasion de la relation intime qu’il implique, certaines phases cruciales de l’histoire de la personne peuvent se rejouer, parmi lesquelles des situations conflictuelles. Ce texte de Guillermo Leone* illustre, de façon éclairante, l’intérêt que nous devrions attribuer à nos ennemis sur le chemin de notre développement personnel.

« Lorsque j’ai suffisamment compris mon ennemi pour le vaincre, alors à ce moment, je l’aimais aussi »

Ender, in « Ender’s game », de Gavin Hood, Orson Scott Card

 

 

Il existe beaucoup de catégories d’ennemis. Certains sont humains, d’autres non, même si on leur attribue généralement un lien avec l’humanité. Par exemple les virus, les bactéries, les cellules malignes, les crises économiques, les idées, les paradigmes, etc.

La plupart des gens supposent que l’extermination de l’ennemi rendrait la vie meilleure. Ils se fourvoient ! En réalité, un bon ennemi nous fait grandir, et sans conflit, point de croissance. Dans divers champs de la physique : la dynamique, l’électromagnétisme, l’hydraulique, l’électrostatique… pour qu’il y ait mouvement, il doit y avoir une différence, des opposés. Il n’y aurait pas de moteurs s’il n’existait pas le positif et le négatif, un pôle sud et un pôle nord à l’aimant. L’ennemi introduit l’antagonisme, c’est à dire deux forces en lutte. Si nous retirions l’ennemi de la scène, efforcerions-nous de la même manière de découvrir nos potentialités et de les développer ? Passerions-nous des heures à réfléchir pour imaginer les scénarios possibles pour le vaincre ?

Les alliances les plus solides se nouent en présence d’un ennemi comun. La nécessité de nous allier nous oblige à améliorer notre ouverture à l’autre, à chercher des similitudes et à construire un lien pour nous aider à survivre. Peut-être serions-nous isolés s’il n’avait pas existé, à un certain moment, un ennemi qui nous a obligé à unir nos forces, à sortir du Je pour constituer un Nous, afin de mieux nous protéger.

Une entité organisatrice de l’individu et de la société

Dans les années 90, le rétrovirus du sida nous a terrassé avec la menace de décimer l’humanité. Aujourd’hui, nous savons que l’étude de cet ennemi a engendré de grandes avancées dans le traitement des infections par virus et bactéries, dans les traitements pour le cancer, les vaccins et thérapies génétiques. Son apparition a incité la médecine à se dépasser elle-même d’une manière nouvelle. Et nous devons ajouter à cela l’effet qu’il a eu sur les relations, nous obligeant à rompre un certain nombre de taboues, et parfois à nous rendre collectivement plus sincères du fait de devoir affronter publiquement la question de la sexualité. Il en fut ainsi : soit nous réglions nos taboues, soit nous mourrions ou faisions mourir les autres. Il est difficile encore aujourd’hui de nous rendre compte combien la présence de cet ennemi nous fit réfléchir, apprendre, nous révéler et prendre soin les uns des autres.

L’ennemi est un aimant qui organise le champ, quelque chose qui, par sa présence, affecte notre réalité. Il nous offre un objectif, un défi pour nous dépasser, pour justifier nos croyances, pour éliminer ce qui est branlant, ce en quoi nous ne pouvons plus placer notre confiance… D’une certaine manière, il nous oblige à renverser ce qui est fragile et à construire sur des bases plus fermes.

Pour survivre à l’ennemi, le chemin consiste à connaître son monde, sa perspective, son champ d’action, au point que presque nous pourrions voir à travers ses yeux. Faire cela grandit notre vision et permet de mieux comprendre cette réalité commune si différente aux deux protagonistes.

L’ennemi nous inspire, parce qu’il est celui qui nous prend par la main et nous amène (ou nous arrache) hors de notre monde sûr et connu, nous obligeant à nous interroger, nous adapter et progresser. La relation avec un vrai ennemi est une relation de profonde intimité, et à l’occasion de ce contact, les deux se transforment mutuellement. Nos ennemis nous changent autant que nous les changeons, sans eux nous ne serions pas qui nous sommes. Quand nous avons partagé une vie de batailles, l’ennemi devient une partie fondamentale de notre vie. D’une certaine manière, nous devons beaucoup de nos réussites à sa présence, et si cet ennemi venais à disparaître, nous aurions vite besoin d’en rencontrer un nouveau car le vide pourrait devenir insupportable. La lutte, le défi, sont une part de la nature humaine, et s’il nous manque quelqu’un – ou quelque chose – avec qui combattre, il nous manque l’inspiration pour nous dépasser.

Qui n’a pas un jour, à la suite d’une dure bataille au cours de laquelle il n’a pas été vaincu, ressenti de la fierté ? J’ai pu survivre ! L’ennemi change le concept que nous avons de nous-mêmes, il nous aide à nous configurer une identité.

Ceux qui pensent que la disparition de leur ennemi les soulagerait ne se rendent pas compte que, pour que l’ennemi disparaisse, il n’y a qu’un chemin. Il ne s’agit pas de l’exterminer mais de s’unifier avec lui : le connaître tant que nous le pouvons, voir par ses yeux, légitimer sa lutte autant que la nôtre. Arrivé là, nous serons un avec notre ennemi, et il n’y aura plus d’ennemi, ni de motif pour continuer à lutter parce que la distance se sera raccourcie. Nous aurons compris que l’antagonisme est inhérent à tout et que nous sommes tous deux des acteurs nécessaires dans la grande œuvre de l’univers. Alors, nous serons prêt pour le prochain défi.

 

*Guillermo Leone est né à Buenos Aires en 1961. Psychologue et Professeur, il fonde sa pratique et son écriture sur la théorie de la gestalt, la pensée complexe et les constellations familiales. Lire l’article en espagnol : El amor al enemigo

Le lait

Le lait est conçu pour combler le fossé entre la naissance et le développement par le bébé d’un système digestif mature. Aucun mammifère, autre que l’Homme, ne boit de lait après le sevrage.

« Je boierai du lait le jour où les vaches mangeront du raisin »
Jean Gabin.

/ Le lait maternel n’est pas un lait de vache

Le lait maternel possède 7 facteurs de croissance. Il permet à un enfant de prendre 5 kg environ pendant sa première année de vie, et de construire ses systèmes nerveux central (le cerveau) et périphérique (moëlle épinière).

Le veau, de son coté, prend environ 150 kg sur la même période, mais son cerveau ne bouge pas… Le lait qu’il boit ne possède que de 3 facteurs de croissance : IGF (dont nous reparlerons), TGF et EGF, permettant la construction de la peau, des muscles et du squelette. Il possède aussi des taux élevés en oestrogènes et progestérone. A quantité égale, le lait maternel contient deux fois moins de calcium que le lait de vache.

/ Histoire et lobbying

L’apparition des laitages dans l’alimentation humaine remonte à l’âge du néolithique, avec l’apparition de l’élevage, il y a 10 000 ans, dans certaines régions du monde seulement, notamment l’Europe du Nord. Ainsi la capacité des adultes à digérer le lait de vache sans trop d’inconfort ne concerne qu’un tiers de l’humanité ; les autres ne possédant pas le gène capable de métaboliser le sucre du lait : le lactose.

De nos jours, la composition du lait classique est bien différente de celui des origines, du fait que les tourteaux de soja ont souvent remplacé l’herbe, entraînant une augmentation des acides gras oméga 6 (pro-inflammatoire) et une diminution des oméga 3 (anti-inflammatoire). Par ailleurs, la stérilisation UHT (Ultra Haute Température) entraîne la dégradation des protéines du lait les rendant inassimilables pour l’organisme : les veaux eux-mêmes ont la diarrhée avec le lait industriel. S’y ajoutent divers polluants : pesticides, résidus de médicaments (antibiotiques notamment). Soulignons qu’une vache de l’époque des Beatles produisait en moyenne 20 litres par jour. A l’ère de la musique en streaming, elle produit plutôt 60 litres en 24 heures. On comprendra que le triplement de la production n’a pu se faire sans altération du produit.

 

« Croire que l’ostéoporose est due à un manque de calcium, c’est croire que les infections sont dues à un manque de pénicilline »
Pr Mark Hegsted, Université de Harvard.

/ Calcium et Ostéoporose

Selon les études épidémiologiques, il n’ y a pas de corrélation entre la densité osseuse, la consommation de calcium, la vitamine D et l’ostéoporose… Il n’existe pas de corrélation entre la densité osseuse et le risque de fracture du col du fémur…

Il existe un processus au niveau de nos os qui s’appelle le remodelage osseux : les BMU, Basic Multicellular Unit, sont des usines qui passent leur temps à détruire de l’os pour en fabriquer du neuf, ils ont une durée de vie de 6 à 9 mois et permettent de régénérer complètement le squelette d’un adulte en 10 ans par l’action de cellules spécialisées : ostéoclastes d’une part (les démolisseurs qui agissent par acidification et digestion) et ostéoblastes d’autre part (les bâtisseurs) ! Le problème est que la quantité des ostéoblastes est limitée, nous possédons un stock fixe pour la vie, mais pas celle des ostéoclastes…

Les aliments riches en calcium stimulent le processus de remodelage osseux. L’IGF 1, Insulin Growth Factor 1, hormone présente dans le lait et dont nous reparlerons plus loin, est un moteur de la croissance et de la réplication de toute cellule ; elle stimule le remodelage osseux. Mais le lait est un aliment acide qui entraîne au niveau des os la destruction du tissu osseux par les ostéoclastes afin d’utiliser le carbonate de calcium pour « tamponner  » l’excès acide. Plus on mange de protéines animales (le lait c’est de la viande liquide), plus on élimine de calcium dans nos urines. A force, il y a un épuisement du stock limité d’ostéoblastes qui viennent à manquer. Les ostéoclastes continuent seuls leur travail : c’est l’ostéoporose !

Autres sources possibles de calcium : sardines fraîches, amandes, persil frais, crevettes, olives vertes, noix et noisettes, pissenlits, cresson, jaune d’oeuf, figues fraîches…

/ Lait et hormones sexuelles féminines

Les oestrogènes et la progestérone sont présents dans le lait de vache provenant d’une production endogènes de l’animal, elles s’ajoutent donc aux hormones produites par le corps humain. De plus, les graisses saturées des laitages stimulent la production naturelle d’hormones sexuelles chez l’humain. Les oestrogènes ont la capacité de freiner la synthèse des ostéoblastes (ce qui allongent ainsi leur durée de vie) et inhibent le travail des ostéoclastes (pendant la première partie du cycle menstruel). Cela pose un problème au moment de la ménopause, où les niveaux hormonaux s’écroulent chez la femme, entraînant un remodelage osseux frénétique. On sait qu’un excès d’hormone est nocif pour la santé, alors qu’en est-il quand, à la consommation de lait, s’ajoutent les hormones de la pilule ou du traitement hormonal pour la ménopause ?

/ Le lactose

75 % des humains ne sont pas capables de digérer ce sucre présent dans le lait ce qui entraînent, entre autre, des douleurs intestinales, ballonnements et diarrhées. Les exceptions sont les blancs d’origine d’Europe du Nord et de la région de l’Oural ainsi que les tribus nomades à travers le monde qui pratiquent l’élevage depuis le tout début, c’est à dire 10 000 ans. En cause : l’absence du gène pour synthétiser la lactase, enzyme qui transforme le lactose en galactose et glucose qui eux sont à même d’être digérés par notre organisme.

Avec l’âge, si l’on en est pourvu, la quantité en lactase diminue. Ainsi à l’âge adulte, l’activité de la lactase est réduite de 90%. On parle d’hypolactasie. Si la lactase est absente du système digestif, le lactose non digéré en glucose et galactose est métabolisé par les bactéries intestinales en produits de fermentations et autres agents toxiques qui agissent sur les systèmes nerveux, cardio-vasculaires, immunitaire et sur les muscles entraînant une intoxication généralisée se traduisant par : maux de tête, sensation de vertige, difficulté à se concentrer, troubles de la mémoire, fatigue intense, douleurs musculaires et articulaires diverses, allergies (eczéma, prurit, rhinite, sinusite, asthme…), arythmie, ulcère de la bouche, maux de gorge… Un régime de 12 semaines sans lactose est nécessaire pour retrouver une santé correcte. Notons qu’au niveau des produits laitiers, seuls les fromages contiennent des quantités marginales de lactose.

L’industrie agro-alimentaire est une grande consommatrice de lactose qui a un pouvoir sucrant modéré (6 fois moins que le sucre normal) et qui n’est pas dégradé par les levures. Ainsi, on le retrouve dans les produits de boulangerie où il favorise la réaction de brunissement du pain, dans les gâteaux industriels, les chips, pommes de terre frites, pâtes, charcuterie, confiseries, soda, bière et les excipients des médicaments.

/ La caséine

Issu du latin caséus, qui signifie fromage, elle constitue la majeure partie des composants azotés du lait : elle représente en effet 82% des protéines pour le lait de vache contre 40% pour le lait maternel.

Contrairement à la caséine humaine, celle issue du lait de vache précipite en milieu acide et donc dans l’estomac sous l’action du suc gastrique (notamment la présure sous forme de chymosine / enzyme présente chez le nourrisson).

Elle est utilisée en oenologie pour prévenir ou corriger la madérisation et le jaunissement du vin blanc, dans la peinture et ce depuis la Rome antique car c’est un excellent liant. Enfin c’est une colle naturelle capable de rivaliser avec les colles phénoliques issues de la synthèse pétrolière, déjà utilisée par les charpentiers au Moyen-Âge mais aussi dans la construction des avions en bois comme lors de la seconde guerre mondiale par la société canadienne De Havilland.

Comme nous le verrons, elle est utilisé comme source de protéine facilement assimilable dans le domaine sportif mais aussi elle protège le facteur de croissance IGF de la digestion favorisant ainsi son passage dans la circulation sanguine… et stimulant la survenue de certains cancers.

/ Lait et facteurs de croissance

Comme nous le disions en préambule, le lait maternel possède 7 facteurs de croissance, permettant à l’enfant de prendre du poids et de développer ses systèmes nerveux central et périphérique. Le lait de vache contient 3 facteurs de croissance IGF, TGF et EGF. Il est conçu pour permettre une croissance rapide.

L’IGF-1 Insulin Growth Factor-1 est donc, comme son nom l’indique, un facteur de croissance, une hormone protéique : il permet aux cellules de se multiplier. Il agit à la fois sur la croissance des cellules mais aussi sur le métabolisme d’une façon générale comme un engrais. L’IGF-1 humain est identique à l’IGF-1 bovin, mais Monsanto est passé par là avec la création d’un IGF-1 recombiné, c’est à dire semi-synthétique,autorisé depuis 1993 aux USA pour son usage sur le bétail : les vaches prennent plus de poids et plus vite !

Dans les années 80, le lait de vache contenait 3ng/mL d’IGF-1, les mesures récentes montrent des taux 10 fois plus élevé ! Dans notre organisme, en trop petite quantité, il y a un risque accru de maladies cardio-vasculaires, d’ostéoporose, de diabète de type 2 et de déclin cognitif, mais en trop grande quantité c’est un acteur majeur du risque de certains cancers : plus son taux est élevé dans le sang plus il y a une augmentation du risque de cancer du sein, de la prostate (une étude de l’OMS de 1986 montre une corrélation entre la consommation de lait par habitant et la mortalité par cancer de la prostate / le constat est identique pour la World Cancer Research Fundation et l’ American Insitute for Cancer Research en date de 1987) et des poumons. Il faut savoir que l’IGF-1 présent dans le lait de vache n’est pas complètement détruit par le processus de la digestion et qu’il passe d’autant mieux dans le sang qu’il est couplé à la caséine, qui le protège de la dite digestion.

Le professeur Jeff Holly de l’université de Bristol émet l’hypothèse selon laquelle l’IGF-1 entraînerait la suppression de l’apoptose au niveau cellulaire.

/ Les intérêts du lait…

La consommation de lait permettrait une diminution du risque de cancer du côlon, mais rien de comparables avec les fruits et céréales complètes (diminution du risque de 15% contre 40 %, mais il existe de fortes variations en fonction des études). Les lactobacilles (bactéries qui fermentent le lait) ont une action sur les diarrhées infectieuses ou provoquées par des traitements antibiotiques. Ils diminuent le risque de rechute en cas de colite ulcéreuse. Ces bactéries sont présentes dans les yaourts mais aussi dans les autres aliments fermentés ou marinés (comme les cornichons ou les olives).

/ …et ses risques.

Selon le professeur Henri Joyeux (Chirurgien cancérologue à la faculté de médecine de Montpellier fort décrié par ses pairs pour ses positions sur la vaccination) la consommation en laitage ne doit pas excéder un ou deux produits. Au contraire, les autorités françaises campaient sur leur position depuis 2003 en incitant à consommer 3 à 4 laitages par jour (AFSSA : Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments et PNNS : Plan National Nutrition et Santé)

A Lyon, le Centre International de recherche sur le Cancer a mis en évidence que le risque de cancer des testicules augmente avec la consommation de fromage et que le risque de cancer de la prostate augmente avec la consommation de laitage (et notamment le yaourt, selon le British Journal of Nutrition de mars 2006). Une explication avancée proviendrait du fait que les vaches sont traites pendant leur gestation avec des taux anormalement élevés d’hormones sexuelles dans le lait et les laitages obtenus.

On remarque aussi que les femmes qui boivent le plus de lait ont un risque accru de cancer des ovaires, la cause en incomberait aux taux élevés de galactose (sucre de dégradation du lactose) mais cela reste à confirmer.

Enfin, sur le plan des maladies auto-immunes que sont le diabète de type 1 dit insulino-dépendant et la sclérose en plaque, il existe une piste commune partagée par le professeur Michael Dosch du Hospital for sick children de Toronto, Canada selon laquelle d’une part ces 2 maladies sont presque identiques d’un point de vue génétique et d’autre part que des protéines du lait ou des fragments de protéines du lait passés dans le sang à partir des intestins auraient déclenché une réaction du système immunitaire (lire : Le système nerveux impliqué dans le diabète et La sclérose en plaque et le diabète sont liés). Une autre piste se tourne vers l’insuline bovine identique à l’insuline humaine à 3 acides aminés prêts et qui entraînerait une réponse immunitaire dirigée dans un 1er temps contre l’insuline bovine puis qui se retournerait contre la propre hormone de l’enfant.

A ce jour, différentes études montrent qu’un excès de laitage (au delà de 2 laitages par jour) est responsable de différentes pathologies dont voici la liste :

surpoids allant à l’obésité.

  • allergies.
  • troubles digestifs.
  • encombrements ORL à répétition.
  • maladies auto-immunes du système nerveux, de la peau, des intestins (grêle et côlon), des articulations.
  • augmentation du risque de cancer du sein, de la prostate, des testicules.
  • aggravation de l’ostéoporose.

/ De l’intérêt du lait pour les sportifs d’endurance

Si vous êtes de ceux qui avez la possibilité de digérer le lait et que vous pratiquez les sports d’endurance, course à pied, cyclisme et autre, ce qui suit est pour vous !

De façon générale, les protéines et donc leur structure de base, les acides aminés notamment la Leucine, l’Isoleucine et la Valine (que l’on retrouve dans les divers préparations diététiques pour sportifs mais surtout dans les aliments d’origine animale) permettent de mieux encaisser les lourdes charges d’entraînement et ainsi d’enchaîner les séances. Elles agissent en atténuant les courbatures, en protégeant d’une baisse du système immunitaire, en accélérant la re-synthèse du glycogène et enfin en épargnant la destruction des muscles.

Une dose de 5 à 10 g suffit largement pour récupérer d’un gros effort en endurance (nous sommes loin des « culturistes  » et autres « bodybuilders » qui ont besoin de 25 g de protéines après une séance pour une prise de masse musculaire). D’où la mode du verre de lait après l’entraînement, car le lait de vache présente une concentration de 3,5 g de protéines par 10 cL.

L’autre avantage du lait, c’est la présence de glucides, le fameux lactose, dont le corps a besoin pour reconstituer les réserves. Mais il est nécessaire de le prendre en version allégée en matières grasses (1,8 %) pour éviter les surplus de calories moins utiles à la récupération. De plus, les protéines permettent d’accélérer la synthèse du glycogène, en stimulant la production d’insuline (hormone indispensable au transport du glucose et à son incorporation dans la cellule musculaire, première étape dans la re-synthèse du glycogène). Encore une fois le lait répond à ce point en couplant protéine (caséine ) et sucre (lactose).

Les protéines permettraient d’atténuer les douleurs ressenties après un exercice intense : en effet, en cas d’élévation de l’apport protéiné, il y a une diminution des taux de substances considérées comme des bons marqueurs des dommages musculaires (créatine kinase, aldolase, myoglobine, lactico-déshydrogénase). Plus la prise est espacée dans le temps (en heures, voire en jours), moins il y a de douleurs ressenties.

En période d’entraînement intense, il y a une fragilité face aux infections de toute nature et notamment les atteintes de voies aériennes supérieures. Cela provient d’une diminution des globules blancs (lymphocytes T) dans la circulation sanguine. En assimilant plus de protéines, on peut plus facilement revenir à un taux normal : entre 1g et 3 g de protéines / kg de poids corporel et par jour (les fluctuations dépendent des spécialistes) est suffisant. Dans tous les cas, la certitude est la suivante : éviter de faire coïncider les efforts intenses et les situations de carences en protéines.

Enfin, la prise de protéines après l’effort permet d’épargner les protéines musculaires : après un effort intense, la glycémie a tendance à descendre fortement, nécessitant un processus dit de « néoglucogénèse » se déroulant au niveau du foie : fabrication de glucose à partir de protéines. Si la quantité de protéines en stock est insuffisante, l’organisme sacrifie une partie des protéines constituant les muscles. Encore une fois le lait avec son double apport sucre et protéines est un aliment de choix ! pourvu qu’on le digère… et qu’il soit exempt de substances chimiques inutiles.

Le lait serait donc un aliment de choix pour les sportifs lors de la récupération, d’autant plus que la forme liquide prévaut sur le solide car les intestins sont peu vascularisés pendant l’effort (le sang est réorienté vers les masses actives désertant les muqueuses digestives qui s’assèchent).

La meilleure source de protéines semble être les « whey proteins » ou protéines de « petit-lait », résidu du lait après extraction des matières grasses pour faire du beurre, de la crème ou du fromage. Ce liquide est très riche en protéines dont l’alpha-lactalbumine ou la caséine qui contiennent à haute dose un acide aminé appelé la Leucine, doté de capacités régénératives sans équivalent. De plus ces protéines sont qualifiées de « protéines rapides » car elles sont très faciles à digérer.

Le problème du lait réside dans sa concentration trop faible en sucre pour être optimale pour la récupération. L’adjonction au lait de poudre de cacao riche en sucre pallie à ce manque.

Les tests du lait chocolaté par rapport aux produits spécifiquement conçus pour la récupération sont sans équivoque : autant la reconstitution du glycogène s’effectue à la même vitesse dans les 2 cas, autant la prise de lait chocolaté améliorerait la synthèse protéique musculaire de 38% par rapport aux autres produits (ce qui correspond à la reconstruction musculaire). De plus, le lait chocolaté lutte plus efficacement contre la déshydratation… sauf comme l’explique Tim Noakes dans son livre « Lore of running » que la prise de lait juste après l’effort peut avoir un effet délétère sur le transit avec l’apparition de diarrhées (intolérance au lactose !) et que comme on le sait, des selles liquides n’ont jamais aidé personne à bien se réhydrater.

Deux explications sont possibles :

A. Le lait chocolaté provoquerait un pic d’insuline plus marqué que les boissons énergétiques, boostant de cette façon la chaîne métabolique.

B. Les facteurs de croissance présents dans le lait favoriseraient les filières de reconstitution. Ces mêmes facteurs de croissance dont on connaît désormais les effets délétères sur la santé.

Le lait chocolaté : boisson miracle du sportif d’endurance ?! oui, mais… du fait de la fragilisation de la muqueuse intestinale, il y a un risque de passage dans le sang de fragments de protéines, entraînant selon certains scientifiques des risques accrus d’inflammation, de blessures et autres usures articulaires.

Bon le lait c’est bon ou pas ?! En 2012 lors d’un congrès sur l’autisme aux USA, le prof Stanislaw Kaminski, chercheur à l’Université d’Olsztyn en Pologne, a remis la balle au centre : tout dépend du type de vache qui produit le lait !

Il faut savoir que la protéine Bêta-caséine du lait peut présenter de petites mutations. Ces modifications entraînerait une réaction du système immunitaire avec un processus inflammatoire qui serait impliqué dans des maladies cardio-vasculaires, articulaires, métaboliques (diabète ) et syndromes autistiques : cette forme de caséine mutante libère des peptides appelés « exorphines » qui interagissent avec des récepteurs cérébraux et/ou sensoriels, entraînant des problèmes comportementaux. Il semblerait que ces interférences agissent aussi sur des zones cérébrales chargées du contrôle de la douleur en lien avec la fibromyalgie.

Or, ce sont les vaches de la variété Holstein, celle avec de grandes taches noires qui produisent cette caséine modifiée. Cette race s’est imposée au milieu des années 70 pour ses productions hors-normes à la traite. Elle représente désormais 80% de la production mondiale, les 20% restant provenant des vaches Jersey et Guernesey où cette « mauvaise caséine « est beaucoup plus rare.

Alors que la filière lait souffre aujourd’hui d’une grave crise, le groupe Lactalis, premier groupe laitier mondial, a senti l’opportunité ! Lactel, sa marque phare vient de lancer sur le marché Sportéus, une nouvelle boisson lactée destinée aux sportifs, ou plutôt à destination des consommateurs qui font environ 3 heures de sport par semaine, soit 10 millions de français ! A boire dans les 30 minutes après l’entraînement !

Lactel a développé, en partenariat avec l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance, ce nouveau produit. C’est l’Institut qui aurait fait les démarche auprès de Lactel car selon Jean-Pierre de Vincenzi, directeur de l’Insep, « Lactel bénéficie de valeurs similaires aux nôtres, comme l’excellence et la performance. Des atouts clés pour créer un partenariat entre nos deux entités ». La petite bouteille de 275 mL, vendue à l’unité au prix de 1,50 euros ( soit 5,45 euros le litre contre en moyenne le litre de lait écrémé à 0,91 euros ) se compose de lait écrémé délactosé (91,3 %), sucre, protéines de lait (3%) dont Prolacta (1,4 %) ce qui fait 16,5 g de protéines par bouteille, maltodextrine, arôme, stabilisant : E339, vit B1 et B12 et colorant (bêta-carotène 3%).

/ Cancer : du dopage aux laitages.

De nos jours à chaque nouveau cas de cancer chez un ancien sportif de haut niveau plane la question du dopage… Se dopait il ? et si c’est le cas, est ce que ce sont les produits qu’il a pris durant sa carrière sportive qui sont la cause de ses problèmes de santé ?

Les risques accrus de cancer par une trop grande consommation de produits laitiers ne sont plus à prouver de nos jours… Alors d’ici quelques décennies, quand un ancien sportif de haut niveau sera diagnostiqué cancéreux, se posera-t-on la question de sa consommation de produits laitiers et autres dérivés dans son alimentation générale ou comme substitut de repas ? comme boisson de récupération ?…

Benoît GOSSAY

Bibliographie :

  • Milk, the deadly poison : le lait poison mortel, Robert Cohen.
  • Lait, mensonge et propagande, Thierry Soucard.
  • Sport et vie, hors-série n°34, « Mangez mieux Mangez moins », Experts indignes.
  • Sport et vie, hors série n°37, « Réveillez le paléolithique qui sommeille en vous », Les enfants du lait.
  • Sport et vie n°146, « Pas de bras, pas de chocolat », Denis Riché.
  • Sport et vie n°149, « Protéines : pas seulement pour jouer les gros bras ! », Louise Deldicque et Marc Francaux.

Bibliographie pédagogique

Une liste d’ouvrages en appui de la formation ou pour la compléter.

/ Massage :

 

ABRASSART Jean-Louis, Le toucher libérateur, Stress, massage et thérapie, éd. Guy Trédaniel.

DOUGANS Inge, ELLIS Suzanne, La réflexologie, Théorie et pratique, Librairie de Médicis.

JACKSON Richard, Le massage total, Equilibre entre le corps et l’esprit, éd du Rocher.

GASTAMBIDE, ABRASSART, CAMILLI, CLEMENT, SAVATOFSKI, « Techniques du toucher », in BEGUIN Richard, Je prends ma vie en main, Formes et forme.

HIERONIMUS Christian, La sensualité du toucher, Le Souffle d’or.

LIDELL Lucinda, THOMAS Sara, Le massage, Robert Laffont.

MAXWELL-HUDSON Clare, Le livre du massage, Solar.

SAINT-PIERRE Gaston, BOATER Debbie, La métamorphose, Le souffle d’or.

SAVATOFSKI Joël, Le massage douceur, Dangles.

SAVATOFSKI Joël, Le massage minute, Retz.

 

/ Anatomie :

 

CALAIS-GERMAIN Blandine, Anatomie pour le mouvement, Tome 1 et 2, éd.Desiris.

 

/ Corps :

 

FELDENKRAIS Moshe, Energie et bien-être par le mouvement, Dangles, 1993, (éd. américaine 1972).

BERTHERAT Thérèse, Le corps a ses raisons, Seuil.

 

/ Toucher :

 

ALEXANDER Gerda, L’eutonie, Un chemin de développement personnel par le corps, Tchou, 1977.

BRENNAN Barbara Ann, Le pouvoir bénéfique des mains, Tchou.

MONTAGU Ashley, La peau et le toucher, Un premier langage, Seuil, 1979, (éd; américaine 1971).

 

/ Ostéopathie (principes) :

 

HAMMOND Pierre, Ostéopathie, la guérison à portée de la main, Marabout.

ROULIER Guy, L’ostéopathie : deux mains pour vous guérir, Dangles.

 

/ Somatothérapie :

 

KEPNER James , Le corps retrouvé en psychothérapie, Retz.

LARIVEY Michelle, Le défi des relations, Éditions de l’Homme, 2004.

LEFEVRE Philippe, Mieux vivre nos désirs, de la naissance à la fin de vie, Chronique Sociale, 1998.

RANCOURT Benoît, Sortir du passé, Quebecor, 2000.

 

/ Aromathérapie :

 

ROULIER Guy, Les huiles essentielles pour votre santé, Dangles.

 

Réglementation de la profession

Aujourd’hui, la profession de masseur de relaxation n’est pas réglementée en France. Cela entraîne, il est vrai, un certain nombre de problèmes. C’est aussi gage d’une grande créativité et d’une diversité de courants qui peuvent déboucher sur le meilleur comme sur le pire.

/ Vers une réglementation ?

Lorsque la profession de praticien en massage bien-être sera réglementée, il est probable que cela protégera du pire… Néanmoins une loi ne suffira jamais à garantir la qualité d’un professionnel, et peut-être que la diversité des approches sera amoindrie par la rigueur d’une réglementation pourtant souhaitée, comme ce fut le cas pour l’ostéopathie en même temps qu’elle se structurait de façon officielle.

Pierre par pierre, nous avançons. Des collectifs de professionnels travaillent parallèlement à l’organisation de la profession de masseur de relaxation. C’est le cas de l’Ecole du Massage Intuitif qui, à son échelle, participe à la réflexion autour des compétences du toucher et de la professionnalisation du métier, à travers le discours qu’elle porte sur l’éthique de la relation. Un important regroupement constituant la profession – le plus ancien – est la Fédération Française de Massages Bien-être (FFMBE). Elle s’est constituée à partir d’une association (l’ASMBE), à l’époque du procès intenté, en 2001, à Joël Savatofski, par une fédération de masseurs-kinésithérapeutes. Son objectif est d’asseoir une reconnaissance légitime et un meilleur encadrement professionnel de l’activité de masseur bien-être. Le Shiatsu possède aussi sa propre fédération. La Fédération Française des Massages Traditionnels de Relaxation (FFMTR) est elle issue d’une école, donc d’un groupé privé. Elle s’est illustrée en 2009 par l’obtention d’une certification ISO 9001, et comme d’autres cherche à valider la qualité des prestations assurées par ses membres.

/ Une évolution législative en faveur du massage bien-être.

Pour adapter la loi à la pratique contemporaine du massage bien-être dont fait partie le massage intuitif, les parlementaires ont refondé la Loi L. 4321-1 du Code de la Santé publique, le 26 janvier 2016. Ils ont, d’une part, précisé la nature du métier de kinésithérapeute, lui permettant notamment de développer davantage la recherche universitaire, et d’autre part, libéré le terme de massage, présent dans l’ancienne version de la loi (voir l’état du droit dans le cadre « Pour aller plus loin »).

Cette modernisation de la loi rend, dès lors, infondées les dernières tentatives de poursuivre les praticiens en massage bien-être du simple fait d’utiliser le terme de massage dans la présentation de leur profession. Reste, bien sûr, de la responsabilité des professionnels du bien-être, d’être très clairs sur l’explication de leur pratique qui se distingue de celle des kinésithérapeutes.

Cette modification de la loi a été une avancée incontestable dans la place que la société accorde à l’activité de praticien en massage bien-être.

/ La construction d’une profession qui s’est d’abord imposée à travers les procès qui lui ont été faits.

Les différents procès intentés à la profession de masseur de relaxation ont permis au final de faire valoir sa spécificité, centrée sur le bien-être et le développement personnel.

Un praticien, à qui il était reproché d’organiser des massages de détente minute sur une aire d’autoroute a été relaxé, en première instance, puis en appel et enfin en cassation. Le résultat de ce procès fondateur a installé l’idée que, à condition bien-sûr de ne pas être ambigu sur la finalité du massage, les prestations visant le bien-être ont le droit de co-exister à côté de la masso-kinésithérapie, puisqu’elles poursuivent un but différent. Si cette distinction peut sembler une évidence pour les gens qui pratiquent le massage ou ceux qui le reçoivent, il fallait que la justice se prononce une première fois pour éclaircir l’interprétation d’une loi qui, à l’époque, semblait accorder à la profession de masseur-kinésithérapeute le monopole du massage.

Après lui, d’autres procès ont été intentés à des praticiens en massage de détente par l’Ordre des kinésithérapeutes. Les trois derniers ont entraîné la relaxe des praticiens incriminés :

  • Jugement du 7 juillet 2005 au Tribunal de grande instance de Niort.
  • Jugement du 22 octobre 2008 au Tribunal de grande instance de Millau.
  • Jugement du 10 décembre 2009 au Tribunal de grande instance de Saint-Etienne.

Seul un procès avait abouti à une condamnation : celui dit « des esthéticiennes de Versailles » qui utilisaient la machine CelluM6 pour proposer des « traitements anti-cellulite ». Mais ce cas de jurisprudence est antérieur aux trois cas cités ci-dessus et ne concerne pas les masseurs de bien-être qui ne proposent pas ce genre de prestation.

/ Les diplômes d’école.

Le fait que la profession de masseur de relaxation ne soit pas réglementée nous donne une responsabilité accrue : chaque praticien est juge de ses compétences et de la mise à jour de ses connaissances. Chaque nouveau praticien décide lui-même du moment où il s’estime suffisamment formé pour s’installer. Dans les faits, on constate néanmoins que les praticiens peu rigoureux ne résistent pas au temps, dans la mesure où le bouche à oreille est le principal vecteur de clientèle dans notre profession, pour ne pas dire le seul, en tout cas in fine.

Compte-tenu de cela, les différents diplômes d’école n’avaient, à l’époque, pas de valeur juridique particulière. Toutefois, ils venaient affirmer que les compétences des premiers praticiens étaient reconnues par leurs pairs : des professionnels en exercice. C’est de cette façon que l’histoire de la formation professionnelle au massage s’est construite, autour de débats pointus sur les compétences qu’il était nécessaire d’avoir et sur leur évaluation. Naturellement, l’ingénierie de formation travaillée par une poignée d’écoles, dont l’Ecole du Massage Intuitif, a débouché sur l’octroi de cursus enregistrés par le Répertoire National de la Certification Professionnelle (RNCP). Ces certificats sont, à ce jour, le plus haut niveau de reconnaissance étatique possible, puisqu’il n’existe pas de filière universitaire à l’enseignement du massage. Par ailleurs, ces certificats sont demandés par certaines assurances lorsqu’un praticien en massage bien-être souscrit à une Responsabilité Civile Professionnelle pour exercer. Le RNCP permet aussi la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) pour les professionnels qui peuvent démontrer plusieurs années d’exercice. Les organismes de formation habilités peuvent les accompagner dans ce processus de validation.

Dans le cadre du cursus RNCP de l’Ecole du Massage Intuitif, toutes les options de validation son possibles : VAE, Certificat de Technicien SPA et Bien-être, Diplôme de Masseur-relaxologue, selon le cursus de formation que vous choisissez.

/ Et l’exercice illégal de la médecine ?

La problématique de l’exercice illégal de la médecine concerne plus nos collègues naturopathes, énergéticiens ou praticiens en médecine chinoise. Les praticiens en massage bien-être ne présentent généralement pas d’ambigüité par rapport à la question du soin. Le massage de relaxation ou le massage somatothérapeutique, en visant le bien-être et la compréhension de soi, se distinguent clairement d’une quelconque forme de médecine. La querelle qui nous jadis a opposé à certains kinésithérapeutes montre bien la tension qui existe à propos de cette frontière. Mais même si les métiers sont différents, c’est à nous, praticiens du massage de relaxation, d’être absolument clairs quant à la visée de notre travail. Notre niveau de compétence relève du toucher et de ce qu’il implique sur le plan émotionnel, et non de physiologie ou de la guérison d’un quelconque mal. (En lire plus sur notre positionnement en tant qu’école de massage).

/ La pratique professionnelle du massage bien-être.

Pratiquer le massage de détente professionnellement est bien différent de masser ses amis, son conjoint ou ses enfants. C’est un métier qui demande une rigueur souple mais constante (Lire la fiche métier du masseur de bien-être). Les personnes qui viennent se faire masser livrent une part importante d’elles-mêmes, de leur intimité, de leurs croyances. Être capable d’accueillir cette intimité sans la juger demande une force intérieure qui n’est pas un don. C’est en travaillant régulièrement sur sa pratique professionnelle, sur ses limites, sur son corps, sur ses propres émotions, que le praticien en massage avance dans la construction de cette force fragile. Il se doit de s’offrir ce qu’il prétend faire partager aux autres : le bien-être, la souplesse, la fluidité… C’est aussi cette exigence qui fait de cette profession un métier merveilleux à exercer, riche de part la profondeur des relations humaines qu’il implique entre clients et praticien. C’est en tout cas la vision du métier de l’Ecole du Massage Intuitif.

Pour s’installer comme professionnel, le masseur de relaxation peut opter pour différents statuts. Il peut être salarié d’une entreprise (institut, centre de thalasso, etc.), exercer dans le cadre d’une association, monter son entreprise (E.U.R.L.) ou pratiquer comme travailleur indépendant (libéral). Le statut d’auto-entrepreneur facilite grandement l’installation. Chaque statut a ses avantages et ses inconvénients qu’il est important de peser avant l’installation.

L’Ecole du Massage Intuitif vous souhaite un beau parcours dans la construction de vos compétences professionnelles d’accompagnateur d’autrui vers le bien-être et le mieux-vivre.

Posture juste

La méthode Alexander

Au début du 20è siècle, un jeune acteur de renom, pris d’une extinction de voix et ne trouvant pas de solution médicale, décide de chercher seul la cause de ses troubles.
C’est en découvrant que la mauvaise utilisation de soi affecte ses fonctions physiques qu’il met au point la méthode Alexander.
Elle s’est répandue dans le monde et est utilisée dans de nombreux domaines tels que : la musique, le chant, la danse , l’équitation et le développement personnel.
 

Les principes de la méthode Alexander.

Alexander mit en évidence l’interaction constante entre le physique, le mental et l’émotionnel : « L’attitude mentale ou les états émotionnels déterminent l’attitude corporelle. De même, les tensions physiques jouent sur le mental ou sur la couleur des émotions ».

Nous avons parfois acquis de mauvaises habitudes pour nous tenir et nous mouvoir : nuque cassée, tête rentrée dans les épaules, épaules contractées, dos courbé ou trop cambré, poitrine affaissée. Toutes ces habitudes génèrent douleur, altération et dysfonctionnement de notre état général. Désapprendre ces attitudes et retrouver une bonne utilisation de soi est le but de la méthode Alexander.

Cela implique principalement de redéfinir la relation juste et dynamique entre la tête, le cou et le dos. Tous les exercices de la technique Alexander reposent sur ce schéma : trouver l’empilage tête-cou-dos pour arriver à fonctionner dans son axe.

La façon dont la personne réagit à toute stimulation interne ou externe détermine la qualité de ses actions, de son fonctionnement et de ses possibilités d’évolution harmonieuse.

Dans la technique Alexander, comme dans le massage intuitif, on considère que la personne est un être global : ce qu’il pense, ce qu’il ressent a une influence sur son environnement. Le praticien Alexander incite son élève à travailler la relation entre la pensée et les gestes. Il y a souvent un dysfonctionnement entre ce que l’on fait et ce que l’on croit faire. Par exemple, en redressant le dos de quelqu‘un qui se tient toujours courbé en avant, la personne a l’impression de basculer en arrière. Sa mauvaise posture lui semblait la plus naturelle et confortable. Le praticien va mettre en lumière avec la personne que toute mauvaise utilisation de soi s’accompagne de sensations internes trompeuses. Il va justement tenter d’ancrer dans le corps et le mental la plus juste posture pour des mouvements fluides et moins douloureux. Il fait prendre conscience à la personne de son schéma corporel. Un autre usage de soi, plus conscient et plus respectueux de soi-même permet parfois de dépasser des limites physiques stressantes ou handicapantes.

Découvrir les origines de la souffrance, puis se débarrasser de cette dernière, permet d’accéder à de nouvelles sensations, plus fines, plus subtiles. Grâce à ce travail de prise de conscience de soi, la technique Alexander permet à la personne d’explorer ses mécanismes internes , c’est-à-dire son système de pensée, sa manière de bouger, la façon dont elle gère ses émotions . Au fur et à mesure de l’apprentissage, l’élève devient capable d’élargir progressivement sa conscience de lui-même, d’augmenter son contrôle de soi et d’inclure, à sa guise, des informations supplémentaires sans risquer de s’embrouiller.

 

Exemple d’un exercice d’application utilisé en méthode Alexander.

Le jeu de la chaise : pour tester sa manière de s’utiliser et sa manière de penser.

S’asseoir : en général, lorsqu’on s’assied, on le fait automatiquement, en pensant à autre chose. Souvent la tête part en arrière, le cou se contracte, les épaules se voûtent et le dos se casse en deux… bref beaucoup d’efforts et d’énergie dépensés pour si peu, et si souvent !

Se lever : idem, la tête, le cou, le dos, les jambes, les hanches ne se coordonnent pas spécialement et des forces contraires se combattent, ce qui nous fatigue, nous use et nous raidit, malgré nous.

Il y a deux causes essentielles à cela : un usage corporel incorrect, et la volonté d’atteindre un but (s’asseoir, se lever), en oubliant les moyens de le faire.

Le jeu de la chaise est intéressant dans le sens où il permet d’améliorer son usage de soi et de se détacher du but. Concrètement, on « s’amuse » à :

  • pratiquer le « stop » , c’est-à-dire marquer une pause avant de s’asseoir ou de se lever, pour « arrêter de vouloir le faire ».
  • ne pas focaliser sur le résultat : s’asseoir – se lever.
  • se donner trois directions de base : cou libre, tête vers l’avant et vers le haut, dos qui s’allonge et s’élargit. C’est ce qu’on appelle en Alexander le contrôle primaire.
  • Garder des jambes paresseuses et orienter mentalement les genoux vers l’avant.
  • Utiliser le moins d’énergie possible.
  • Se laisser aller à s’asseoir et se lever très tranquillement, en gardant la tête, le cou et le dos reliés.

 

Un outil pour le massage intuitif ?

Je trouve que cette technique est en bonne synergie avec ma pratique du massage de relaxation. En effet, je vois souvent des gens « déformés » dans de mauvaises postures, où douleurs diverses et souffle raccourci les installent dans la fatigue et le stress.

Un travail corporel préalable grâce à la technique Alexander, avec des exercices et une prise de conscience de son schéma corporel donne à la personne massée une plus grande conscience de son corps et peut-être même un meilleur ressenti du massage reçu. Cette prise en charge de la personne me semble « simple » et efficace. Ma pratique du yoga m’a permis justement de trouver une meilleure posture et un souffle plus libéré dans ma vie quotidienne, mais cela prend de nombreux mois, années, et une grande disponibilité pour en avoir les effets physiques et mentaux. J’ai remarqué que les exercices de yoga rebutent la plupart des gens qui souffrent de douleurs dorsales et articulaires. Il me semble que la technique Alexander est un outil plus accessible et concret pour apprendre à se décontracter et ajuster la manière de se tenir. La personne a en quelque sorte « la preuve » de son mauvais schéma grâce à l’aide du praticien qui va le guider dans des sensations justes, et lui faire retrouver un schéma corporel et mental confortable.

Pour moi aussi, dans ma pratique professionnelle, les notions de posture et de mauvais usage de soi sont devenues primordiales et font autant partie de mon identité de masseuse que mon bagage psychologique. Par exemple : régulièrement, pendant un massage, je m’aperçois que je suis « tordue » sur la personne que je masse dans une attitude corporelle qui ne me convient pas mais que je fais par automatisme. Trop penchée, dos courbé, la tête en dehors de l’alignement de la colonne vertébrale. Je me suis donné comme petit « jeu » de rectifier cela chaque fois que j’en avais conscience, et surtout d’en prendre conscience plus souvent pour me débarrasser de cette posture. Eh bien ça marche ! Chaque fois que je rectifie, mes gestes deviennent plus fluides, plus posés. Et cette remise en place corporelle entraîne immédiatement d’autres « réglages » :

  • ma respiration se re-pose : abdominale, poumons relâchés, plexus tombant.
  • j’ai une sensation d’ancrage qui me relie au sol et me laisse la tête légère pour laisser la place à l’intuition et au ressenti.

En revanche, je ne sais pas dans quel ordre cette réaction en chaîne peut se faire : on peut commencer par sentir l’ancrage pour que la respiration et la posture soient justes, ou alors mieux respirer pour accéder à l’ancrage et au « déploiement » du corps plus juste. C’est l’expérience qui me guidera, et je sens que je progresse : pendant les massages, mais aussi dans la vie courante, je me rends compte petit à petit que je dois de moins en moins souvent rectifier ma posture, et que c’est plus au niveau de ma respiration que je peux travailler.

Changer notre posture en se débarrassant de nos mauvaises habitudes corporelles ou mentales, organiser sa pensée, se détacher du résultat, admettre que notre mental et notre corps, nos émotions et nos actions sont en perpétuelle interaction : ces thèmes ont été explorés il y a cent ans par Mr Alexander, et j’admire sa volonté, son originalité et la modernité de son travail. Cette approche par le toucher et la parole m’ont fait penser à mon propre apprentissage du massage intuitif et de la relaxation, et j’ai été étonnée de découvrir les nombreux domaines d’application de cette méthode. La méthode Alexander ne fait pas partie des thérapies psycho-corporelles, elle est plutôt un mode d’éducation somatique. Elle a toute sa place dans la pratique du massage intuitif.

Delphine HENRY
www.lheuredumassage.fr

Un massage qui vient du coeur

Si tout le monde avait reçu dans l’enfance, puis dans sa vie d’adulte, une affection « saine », à la fois intense, constructive et non-intrusive, alors l’enseignement de l’Ecole du massage intuitif n’aurait pas lieu d’être.
 

« En réalité, il ne s’agit pas de recevoir de l’école une formation achevée,
mais de s’y préparer à la recevoir de la vie »

Rudolph Steiner, inspirateur du massage en lemniskate

 

Comment se positionner dans l’enseignement du massage ?

 

Aujourd’hui, on distingue trois façons fondamentalement différentes de considérer le massage et son enseignement. Voici la classification effectuée par Christina Voormann, Directrice du centre ayurvédique de Munich (in VOORMANN et DANDEKAR, Massages pour bébé, Vigot, 2002) :

« 1 – Le massage thérapeutique.

« Le massage thérapeutique est employé de manière ciblée pour soulager ou guérir les affections et les maladies. Cet art est devenu un élément clé de la médecine moderne. Celui ou celle qui souhaite le pratiquer doit suivre plusieurs années d’études et connaître à fond l’anatomie et les processus physiologiques qui se déroulent dans le corps humain. Seuls les membres de certaines professions sont habilités à traiter un patient par le massage ». En France : les médecins et les kinésithérapeutes.

« 2 – Le massage esthétique.

« La formation dans une école professionnelle d’esthétique donne les connaissances requises pour dispenser des soins du visage et du corps. Ces soins concernent uniquement la beauté et la forme générale. Les élèves sortant d’une telle école ne sont pas habilités à proposer des services de massage thérapeutique.

« 3 – Le massage qui vient du coeur.

« Nous disposons tous de la faculté innée, par le contact de nos mains, de procurrer un certain bien-être à l’autre ou d’apaiser ses souffrances. Dans les petits gestes d’affection du quotidien, nous nous servons souvent inconsciemment de cette aptitude. Nous nous en servons aussi lorsque nous massons notre partenaire, soit pour le détendre, soit pour le stimuler. Il ne fait aucun doute qu’un tel massage « en dilettante » est non seulement agréable, mais qu’il a aussi des effets bénéfiques sur la santé ».

L’enseignement de l’école du massage intuitif se situe sans ambiguïté dans la troisième catégorie. En effet, sans prétention thérapeutique d’une part, sans volonté d’autre part de rendre jolie une personne qui, de notre point de vue, l’est forcément, notre approche se situe clairement dans la dimension affective du toucher.

Si tout le monde avait reçu dans l’enfance, puis dans sa vie d’adulte, une affection « saine », à la fois intense, constructive et non-intrusive, alors notre enseignement n’aurait pas lieu d’être. Tout le monde « saurait faire » avec le massage et le toucher, et tout le monde s’autoriserait à recevoir de l’affection dans son entourage, naturellement. Malheureusement, beaucoup d’entre nous ont eu à pâtir de manques affectifs pendant l’enfance. D’autres ont été « aimé » d’une façon non adaptée au mode de contact de l’enfance, parfois maladroite, parfois malveillante. Ce sont ces blessures du passé que notre toucher de praticien en massage intuitif cherche à soigner.

Notre clientèle est souvent constituée de personnes qui veulent questionner ce rapport au corps qui les constitue. Parfois, c’est vrai, elle ne cherche que de la détente, du bien-être. Mais lorsque le toucher du masseur est habité par de l’affection, la résonance affective du client apparait régulièrement dans la verbalisation qui précède, suit ou accompagne le massage.

Travailler cette qualité de l’affectif dans le toucher, et au-delà, de l’affectif dans la relation est une garantie pour avancer dans sa propre vie et pour accompagner l’autre. Elle ne relève pas d’un savoir mais plutôt d’une pratique. Elle est une compétence qui s’acquière au fur et à mesure de la relation et de la compréhension de cette relation. L’enjeu n’est pas de devenir parfait. Plutôt de devenir humble, capable de remettre en question nos certitudes de façon constructive, d’apparaître tel que l’on est, face à l’autre, de lui proposer la générosité que l’on est en capacité de lui apporter.

La spécificité de notre formation est de rendre centrale cette question de l’affectif. Notre histoire en tant qu’organisme de formation, nos racines dans l’enseignement de la relaxation en France (Relaxation évolutive), dans la psychothérapie (somatothérapie, gestalt, psychoboxe, massage néo-reichien, analyse de rêve, thérapie transpersonnelle), dans les techniques et les sciences du toucher (haptonomie, eutonie, théorie du contact, thérapie cranio-sacrée, ostéopathie biodynamique), dans les techniques du corps (Trager, Alexander, Feldenkraïs)… toutes nous inscrivent dans cette volonté de comprendre ce qu’il y a de « magique » dans le lien. Ce parcours, aujourd’hui étoffé et structuré, nous conduit à participer à la recherche balbutiante dans ce domaine et dans celui, mieux dégrossi, de la gestion du stress (notamment à travers notre participation au 1er colloque du massage bien-être en mars 2015). Notre pratique quotidienne nous montre que cette approche est efficace, douce, productrice d’effets à long terme, moins aboutis que ceux de la thérapie, mais plus approfondis que le simple bien-être.

Manuel Gastambide,
Directeur de l’Ecole du massage intuitif
Avril 2016