Le massage intuitif résonne au niveau de l’affectif.

Il existe différentes façons d'aborder le toucher et le massage. La dimension affective en est une. Son effet éclaire notre rapport à nous-mêmes.
Par Manuel GASTAMBIDE, directeur de l'Ecole du Massage Intuitif et somatothérapeute.
Si tout le monde avait reçu dans l’enfance, puis dans sa vie d’adulte, une affection « saine », à la fois intense, constructive et non-intrusive, alors l’enseignement de l’Ecole du massage intuitif n’aurait pas lieu d’être.
 

« En réalité, il ne s’agit pas de recevoir de l’école une formation achevée,
mais de s’y préparer à la recevoir de la vie »

Rudolph Steiner, inspirateur du massage en lemniskate

 

Comment se positionner dans l’enseignement du massage ?

 

Aujourd’hui, on distingue trois façons fondamentalement différentes de considérer le massage et son enseignement. Voici la classification effectuée par Christina Voormann, Directrice du centre ayurvédique de Munich (in VOORMANN et DANDEKAR, Massages pour bébé, Vigot, 2002) :

« 1 – Le massage thérapeutique.

« Le massage thérapeutique est employé de manière ciblée pour soulager ou guérir les affections et les maladies. Cet art est devenu un élément clé de la médecine moderne. Celui ou celle qui souhaite le pratiquer doit suivre plusieurs années d’études et connaître à fond l’anatomie et les processus physiologiques qui se déroulent dans le corps humain. Seuls les membres de certaines professions sont habilités à traiter un patient par le massage ». En France : les médecins et les kinésithérapeutes.

« 2 – Le massage esthétique.

« La formation dans une école professionnelle d’esthétique donne les connaissances requises pour dispenser des soins du visage et du corps. Ces soins concernent uniquement la beauté et la forme générale. Les élèves sortant d’une telle école ne sont pas habilités à proposer des services de massage thérapeutique.

« 3 – Le massage qui vient du coeur.

« Nous disposons tous de la faculté innée, par le contact de nos mains, de procurrer un certain bien-être à l’autre ou d’apaiser ses souffrances. Dans les petits gestes d’affection du quotidien, nous nous servons souvent inconsciemment de cette aptitude. Nous nous en servons aussi lorsque nous massons notre partenaire, soit pour le détendre, soit pour le stimuler. Il ne fait aucun doute qu’un tel massage « en dilettante » est non seulement agréable, mais qu’il a aussi des effets bénéfiques sur la santé ».

L’enseignement de l’école du massage intuitif se situe sans ambiguïté dans la troisième catégorie. En effet, sans prétention thérapeutique d’une part, sans volonté d’autre part de rendre jolie une personne qui, de notre point de vue, l’est forcément, notre approche se situe clairement dans la dimension affective du toucher.

Si tout le monde avait reçu dans l’enfance, puis dans sa vie d’adulte, une affection « saine », à la fois intense, constructive et non-intrusive, alors notre enseignement n’aurait pas lieu d’être. Tout le monde « saurait faire » avec le massage et le toucher, et tout le monde s’autoriserait à recevoir de l’affection dans son entourage, naturellement. Malheureusement, beaucoup d’entre nous ont eu à pâtir de manques affectifs pendant l’enfance. D’autres ont été « aimé » d’une façon non adaptée au mode de contact de l’enfance, parfois maladroite, parfois malveillante. Ce sont ces blessures du passé que notre toucher de praticien en massage intuitif cherche à soigner.

Notre clientèle est souvent constituée de personnes qui veulent questionner ce rapport au corps qui les constitue. Parfois, c’est vrai, elle ne cherche que de la détente, du bien-être. Mais lorsque le toucher du masseur est habité par de l’affection, la résonance affective du client apparait régulièrement dans la verbalisation qui précède, suit ou accompagne le massage.

Travailler cette qualité de l’affectif dans le toucher, et au-delà, de l’affectif dans la relation est une garantie pour avancer dans sa propre vie et pour accompagner l’autre. Elle ne relève pas d’un savoir mais plutôt d’une pratique. Elle est une compétence qui s’acquière au fur et à mesure de la relation et de la compréhension de cette relation. L’enjeu n’est pas de devenir parfait. Plutôt de devenir humble, capable de remettre en question nos certitudes de façon constructive, d’apparaître tel que l’on est, face à l’autre, de lui proposer la générosité que l’on est en capacité de lui apporter.

La spécificité de notre formation est de rendre centrale cette question de l’affectif. Notre histoire en tant qu’organisme de formation, nos racines dans l’enseignement de la relaxation en France (Relaxation évolutive), dans la psychothérapie (somatothérapie, gestalt, psychoboxe, massage néo-reichien, analyse de rêve, thérapie transpersonnelle), dans les techniques et les sciences du toucher (haptonomie, eutonie, théorie du contact, thérapie cranio-sacrée, ostéopathie biodynamique), dans les techniques du corps (Trager, Alexander, Feldenkraïs)… toutes nous inscrivent dans cette volonté de comprendre ce qu’il y a de « magique » dans le lien. Ce parcours, aujourd’hui étoffé et structuré, nous conduit à participer à la recherche balbutiante dans ce domaine et dans celui, mieux dégrossi, de la gestion du stress (notamment à travers notre participation au 1er colloque du massage bien-être en mars 2015). Notre pratique quotidienne nous montre que cette approche est efficace, douce, productrice d’effets à long terme, moins aboutis que ceux de la thérapie, mais plus approfondis que le simple bien-être.

Manuel Gastambide,
Directeur de l’Ecole du massage intuitif
Avril 2016