Mettre du sens sur notre humanité.
Accompagner la maladie par le toucher tranquillisant.
Calmer l’hypocondrie, au temps du Covid 19, par la conscience d’être accompagné.
Le massage comme accélérateur de guérison, dans Cerveau&Psycho.
(Le numéro complet est disponible dans la bibliothèque numérique de l’espace stagiaire)
L’anthropologue Ashley Montagu a écrit : « Les êtres humains ne peuvent survivre sans le toucher. C’est un besoin fondamental ». Le toucher est le premier des sens à se développer in utero et le dernier à s’éteindre avant notre mort. Notre peau est phénoménale et de nombreux écrits témoignent de sa richesse. Elle représente notre plus grand organe. Elle est la première et la plus importante connexion de l’être humain avec le monde environnant.
Chaque personne a une relation différente au toucher. Une relation influencée par de nombreux facteurs tels que la culture, l’éducation, les expériences passées, les touchers reçus, la physiologie… Pas étonnant qu’en temps de confinement, du fait de son isolement sensoriel, l’être humain vive toute une palette d’émotions et de manques. La tristesse de ne pouvoir enlacer nos proches, de ne pouvoir être en présence physique de nos amis ou de notre famille. Des moments de tensions, de nervosité ou encore de frustrations. Ces moments où, finalement, notre corps témoigne de ce besoin fondamental du toucher, et plus largement de nos émotions.
Conscientiser nos raideurs et leur sens.
Comme le soulignait déjà Wilhelm Reich, toute notre histoire est inscrite dans notre corps. Elle en devient donc palpable. Le massage offre l’espace pour fluidifier la vie en nous, libérer les tensions et les restrictions de mouvements du corps en lien avec des blocages émotionnels non résolus. Tout en amenant la personne à conscientiser ses raideurs et leurs sens, il permet de se reconstruire et de s’unifier. En accueillant, au travers du toucher, le blocage dans son existence même, ce dernier peut alors se transformer et se fluidifier. Le receveur intègre alors un autre espace de possible, beaucoup plus large, et les émotions peuvent redevenir une énergie motrice et créatrice, libres de circuler.
Certains bienfaits du massage ont été prouvés scientifiquement. D’autres ont été observés par les parents avec leur bébé ou encore par les praticiens en massage. Il revient à chaque individu de tirer ses propres conclusions à partir de ses observations et des bienfaits qu’il a personnellement obtenus.
Le massage offre de l’interaction (communication verbale et non verbale, toucher nourrissant), de la stimulation (du système circulatoire, digestif, hormonal, nerveux, respiratoire), du soulagement (des tensions musculaires, physiques et psychologiques, d’un manque de souplesse de la peau), de la relaxation (amélioration du sommeil, du tonus musculaire et de la quiétude, réduction du niveau de stress).
Il est tout aussi bénéfique pour celui qui le pratique notamment sur le plan relationnel (activité positive et moment privilégié) et hormonal puisque celui qui pratique sécrète également des hormones de bien-être.
Adrénaline et ocytocine.
Notre corps répond au toucher nourrissant et respectueux en sécrétant des hormones. Durant un massage, l’ocytocine amène détente et relaxation, non seulement pour le receveur mais aussi pour le praticien. Cette hormone diminue la pression artérielle, incite aux comportements maternants et rend l’individu plus sociable. Les endorphines, quant à elles, améliorent le sommeil et diminue le stress.
A titre d’illustration, le livre Ocytocine : l’hormone de l’amour écrit par Kerstin Uvnas Moberg en 2006 soutient la pratique du massage. Ses écrits soulignent scientifiquement les effets du toucher. L’auteur explique que le toucher provoque des effets au niveau hormonal et subséquemment comportemental. Elle expose que l’individu est constitué de deux systèmes, l’un dédié à la lutte ou la fuite, et l’autre à la détente et au calme. Pour les enclencher, des hormones interviennent. Dans le premier système, il s’agit de l’adrénaline et dans le second, de l’ocytocine.
La peau est le premier moyen de communication avec l’extérieur, de par les nombreux récepteurs qui la composent, et la transmission des informations qu’elle fournit engendre ces réactions hormonales. En étudiant les réactions de rats au toucher ou à des injections d’ocytocine, Kerstin Uvnas démontre que la stimulation de certains nerfs sensitifs active le système lutte/fuite ou le système calme/détente et donc les hormones d’adrénaline ou d’ocytocine. Elle effectue notamment un parallèle entre le massage et le léchage chez les mammifères. Les résultats montrent que les mammifères non léchés vont être chétifs, stressés, agressifs et peureux. Elle expose également que le toucher favorise la croissance. Une expérience avec des bébés animaux souligne que les bébés séparés de leur mère grandissent moins bien sauf lorsqu’ils sont brossés doucement. Des constatations dejà faites par Ashley Montagu.
Le toucher permet donc d’engendrer du calme et de la sécurité et ainsi une meilleure résistance au stress. En découle une meilleure confiance en soi et dans la vie. Le toucher, parce qu’il provoque la production d’ocytocine, favorise le bien-être, la croissance, l’apprentissage, la santé et la sociabilité.
Bérengère SIMOENS,
Somatothérapeute,
Formatrice à l’Ecole du Massage Intuitif.