La peur du coronavirus, et le toucher résilient.

Le rôle social des experts du toucher va devenir fondamental dans le futur proche !
Par Manuel GASTAMBIDE, Directeur de l'EMPSI.

Cerveau et psycho N°74

Accompagner la maladie par le toucher tranquillisant.

Le massage comme accélérateur de guérison, dans Cerveau&Psycho.
(Le numéro complet est disponible dans la bibliothèque numérique de l’espace stagiaire)

le contact émotionnel

Qu’est-ce qui vous a le plus affecté ces derniers jours ? Le coronavirus, ou la peur du coronavirus ? Si vous faites partie des personnes ayant été infectées, ce sera certainement la première proposition. Mais pour tous les autres, il est probable que la peur de la contagion ou de la maladie vous ait fait signe. C’est normal, profondément humain, ancestralement inscrit dans nos gènes. La peur du virus est une peur archaïque qui concernait déjà nos ancêtres. Elle ajoute à la peur de la mort, celle de la disparition de l’espèce. Autant dire qu’elle vous pousse à agir pour votre sauvegarde. Seulement voilà, l’ennemi est petit, invisible, insaisissable, et nous confronte d’abord à l’impuissance, entre moments d’anxiété et pics d’angoisse.

Comment sortir de cette sensation ? Lorsque l’on se voit guetter le moindre symptôme, en soi ou chez l’autre. Quand on remarque les gens tousser, renifler ou éternuer autour de soi, alors qu’on n’y prêtait normalement pas attention. Quand on sent la gorge nous gratter, la fatigue nous submerger, et qu’on se demande à tort si notre tour est venu. L’oppression peut nous donner la sensation d’une difficulté à respirer. Le reflux gastrique, lié au stress, nous irrite et assèche la gorge. Il n’en faut pas plus pour se croire atteint, avant de se raisonner. Comment sortir de cette peur ? Naturellement, notre reflexe, notre envie, est de nous relier. (Lire également : L’anxiété générée par la maladie se résout parfois à l’occasion d’un massage).

Se relier à l’autre tranquillise profondément.

Parmi la multitude de liens que nous pouvons établir avec notre prochain, il en est un particulièrement résilient : le contact physique, déjà mis au ban de notre société occidentale, et prohibé de surcroît par l’arrivée du virus.

Si les embrassades et le contact physique en général sont bons pour apaiser, ils sont encore meilleurs quand ils nous sont offerts par une personne « adéquate », en qui nous déposons notre confiance, qui représente pour nous une source d’énergie, un appui, un support de transfert diront les psychothérapeutes. Cette étreinte et ce contact, magiques autant qu’humains, lorsque nous avons peur ou simplement que nous doutons, est capable de nous transcender sur l’instant. Un toucher habité par la présence de notre être profond, tel qu’il est investi par le masseur intuitif, a aussi la capacité de soigner de profondes blessures émotionnelles et des traumatismes anciens. L’événement coronavirus nous éloigne du contact physique pendant un temps. Pour nous adapter à cette nouvelle donne, après le confinement, nous mettrons en place dans nos cabinets des protocoles de protection plus drastiques, mais le contact peau à peau restera notre marque de fabrique, et notre raison d’être en tant que profession.

Quelque soit la façon dont nous sortirons de cette expérience de la contagion, la spontanéité du contact physique pourrait en prendre encore un sacré coup. La place des experts du toucher, masseurs bien-être, ostéopathes, fasciathérapeutes, somatothérapeutes… s’en trouvera grandie. Leur armée des ombres a la mission de compenser les manques de contact générés par la société d’aujourd’hui et de demain. Leur rôle social, dans l’équilibre psychique des populations va croissant, sauf à vouloir d’une société qui s’éloignerait de la douceur, de la tempérance et de l’équilibre.

Manuel GASTAMBIDE
Directeur de l’Ecole du Massage Intuitif