Le massage comme catalyseur du couple
Avez-vous déjà senti cette résistance à vous rapprocher de votre partenaire au sein même du couple ? Parfois, l’envie est là, lovée à l’intérieur. L’élan couve comme une braise mais ne débouche pas, pour autant, sur l’action d’aller vers le plein contact d’une rencontre véritable.
Dans ce cas, soit une résistance nous empêche d’accéder à la réalité physique de l’autre, soit elle protège la pudeur de l’expression de nos propres sentiments. Des barrières se dressent insidieusement entre la tendresse de l’un et de l’autre : un quotidien installé davantage dans le mental que dans le corps, le passif de conflits non soldés ou la croyance qu’un rapprochement affectif serait contraire à une loi intériorisée, peuvent représenter ces obstacles à la concrétisation de l’élan affectif.
Le massage, on le sait, ouvre les portes qui mènent vers l’autre. Il agit sur la fluidification de la relation comme l’huile facilite le glissement de la main sur la peau. Par la libération d’ocytocine qu’il provoque – mais on pourrait tout autant parler de la bienveillance et la douceur dans laquelle il nous plonge – le toucher affectif nous donne l’envie de créer et de renforcer nos liens. Voilà un préalable bien intéressant quand il s’agit de travailler sur la qualité de notre relation.
Le massage comme catalyseur de la thérapie de couple.
Dans le contexte de l’accompagnement – c’est à dire lorsque le praticien joue le rôle du facilitateur de la compréhension des êtres, des éprouvés et des sentiments – le massage est suivi d’un temps d’échange et de verbalisation. Le couple peut alors être abordé comme une entité supplémentaire. Il y a la présence de l’un et de l’autre, mais aussi la présence du couple en temps que système. La psychothérapie systémique décrit parfaitement ce phénomène et éclaire le fonctionnement autonome du couple. Philippe Caillé, par exemple, dans son livre Un et un font trois, considère le couple comme « un être vivant qui tisse sa propre histoire« . Une histoire qui peut ravir ou, au contraire, désespérer ceux qui y tiennent un rôle. Le couple a ses exigences et n’hésite pas à entrer en conflit avec les besoins personnels de ceux qui lui ont donné vie.
Cependant, rien qu’en s’en tenant aux individus qui le composent, le massage qui précède l’entretien est un excellent catalyseur de la thérapie du couple. Il inscrit le dialogue dans une perspective inhabituelle : celle de l’intimité notamment. Il permet de franchir plus aisément la résistance des ressentiments et de l’amertume accumulée. Il fait table rase des positions vindicatives et facilite le pardon, donc la compréhension du point de vue de l’autre. Un préliminaire qui fait gagner du temps et place d’entrée de jeu la thérapie sur le terrain du bien-être et du respect, plutôt que sur celui du conflit. Grâce au lâcher-prise qu’il induit, le massage facilite le dépôt des armures, des armes le cas échéant, et permet l’accueil de la personnalité de l’autre sur un éventail bien plus large que celui ordinairement limité par les a priori de chacun.
Une complication toutefois fait que le massage n’est pas autant utilisé qu’il le pourrait dans les thérapies de couple. Il nécessite deux praticiens pendant le temps du massage. La situation idéale qui consisterait à ce que ces deux praticiens soient aussi deux accompagnants fonctionnant en couple thérapeutique, en reflet du couple de patients/clients, n’est pas toujours possible. Reste à ajuster le modèle de façon créative, pour coupler les bienfaits libérateurs du massage et la thérapie de couple. Ateliers où le couple prodigue lui même le massage, groupes de thérapie, travail en binôme de professionnels… Le champs des possibles est immense. A nous d’inventer les dispositifs efficaces pour mettre notre profession au service de l’épanouissement des couples.