Le fascia, reliance multiple.
Le fascia, un nouveau continent à explorer. Les 8 chapitres intéresseront les professionnels de la santé et du mouvement, tels que les ostéopathes, les podologues, les posturologues, les masseurs, les kinésithérapeutes, les sportifs… Tout comme le réseau fascial, chaque chapitre du livre est connecté avec le suivant pour aborder de façon concrète et complète le sujet du fascia.
1. Le fascia, organe et tissu vivant
2. Fascia, tenségrité et cellule
3. Fascia et anatomie
4. Fascia et système nerveux
5. Fascia et cerveau
6. Fascia et organes
7. Évaluation des problèmes du fascia
8. Les thérapies prenant en compte le fascia
Qu’est-ce qui se passe dans le corps de la personne lorsque je pose mes mains sur elle ? Quelle structure me donne les informations telles que le positionnement de mes mains ou la juste pression à exercer ? Quelle structure intelligente me délivre la partition qui va se jouer ? Et pourquoi le corps se dénoue ? devient fluide ? Pourquoi les tissus se relâchent ? Pourquoi à certains moment je ressens un mouvement non pas entre mes mains, mais à l’autre extrémité du corps, et à d’autres moments, du chaud, du froid, rien, le silence ? Certains me diront que c’est grâce au MRP (mouvement respiratoire primaire) s’ils sont ostéopathes, d’autre au Qi, Ki ou Prana, en fonction de leur courant de pensée ésotérique et énergétique, le mouvement interne s’ils sont formés à la pédagogie perceptive… Mes mains, transformées en récepteurs sensoriels, deviennent l’instrument du chef d’orchestre : « une main qui sent, qui voit, qui écoute, et qui sait», comme le disait le docteur William Garner Sutherland. Mais qui est ce chef d’orchestre ?
« Lorsque vous vous occupez des fascias, vous faites affaire avec les succursales du cerveau… », Andrew Taylor Still.
Et si le centre de toutes mes intentions et attentions était le fascia ? les fascias ? On s’y perd d’entrée… Mais où est cette entrée, cet accès au fascia ? La peau, tout simplement. Comme l’explique Jean-Claude Guimberteau, chirurgien et qui a écrit la préface de l’ouvrage de David Lesondak : « La dissection chirurgicale permet de constater qu’il n’y a que des connexions tissulaires. Il s’agit d’une véritable continuité histologique sans séparation nette, que ce soit entre la peau, le derme, l’hypoderme, les vaisseaux, l’aponévrose, le muscle, le tendon et l’os. Dès que l’observation se veut un peu curieuse, on découvre juste après avoir franchi le derme et l’hypoderme, un tissu très mobile, totalement globalisant, réparti sur toute la surface de structure et s’infiltrant dans chaque plan dit de décollement…».
L’ouvrage remarquable de David Lesondak, reprend toutes les connaissances récentes sur le fascia. Une bible pour tout praticien en thérapie manuelle, avec sa série d’hypothèses sur ce qu’il se passe et sur quelle structure nous nous appuyons (c’est le cas de le dire) en temps que masseur intuitif et surtout praticien en toucher intuitif, afin d’accompagner la personne qui se dépose sur notre table dans son processus de guérison, de réappropriation de son équilibre tissulaire et de son équilibre émotionnel.
Le fascia met du lien, du liant. Le corps, si morcelé dans son approche anatomique par nature « morte », retrouve son vivant, sa vivance ! « Dans la vie, un muscle ne fait pas nécessairement ce que le muscle disséqué, ou un artifice mécanique ferait sur un cadavre. La non-prise en compte de cette notion a engendré de nombreuses erreurs dans l’enseignement. » (Wood Jones, 1920). Les différents systèmes s’articulent, communiquent, glissent les uns avec les autres, les uns sur les autres. L’unité est retrouvée. A travers les différents chapitres et la tentative de définir ce tissu, de ses origines embryologiques, en passant par la tenségrité, le système nerveux central et entérique, les dysfonctionnements et thérapies axées sur le fascia, David Lesondak nous emmène dans une danse du vivant (petite pensée à Danis Bois, fondateur de la fasciathérapie), une nouvelle approche du corps et de notre métier. Comme le disait le Dr George A. Sheehan »Le premier pas de l’esprit vers la conscience de soi doit passer par le corps».
Cancer et fascia.
Dans l’extrait qui suit, David Lesondak parle du cancer et de la raideur du tissu en regard de l’environnement de la tumeur. Il exprime aussi la possibilité que le massage et autres thérapies manuelles ne soient plus utilisés seulement dans une optique de diminuer les sensations et perceptions douloureuses comme recours en soins palliatifs afin d’apaiser la fin du cycle, mais comme outil thérapeutique à part entière. Le massage, le toucher intuitif de part son action sur les fascias agit jusqu’au coeur de la cellule, le noyau via le processus de mécanotransduction (cf chapitre 1, p30) et sans doute sur l’inhibition ou l’activation de certains gènes… Les recherches n’en sont pas encore là, mais l’épigénétique et son champ d’exploration et d’investigation amèneront, je l’espère, d’ici peu des réponses concluantes… En attendant posons nos mains et écoutons les tissus, comme le résume si bien Sutherland : « Laisser agir la puissance inhérente infaillible plutôt que d’utiliser une force aveugle appliquée de l’extérieur».
N.B. : l’EMPSI rappelle aux praticiens que le massage peut être contre-indiqué dans certaines phases du cancer. Avant toute forme de pratique favorisant la circulation de la lymphe, il conviendra que le client s’assure auprès de son médecin de la non contre-indication de la pratique du massage dans son cas.
Extrait du livre de David Lesondak.
« Bien que relativement récents, de plus en plus de travaux suggèrent une relation entre fascia et cancer (Langevin et al. 2016). Alors que la recherche traditionnelle sur le cancer s’est concentrée sur l’arrêt de la transformation néoplasique des cellules cancéreuses, les efforts récents commencent à se concentrer sur le microenvironnement des tumeurs, et c’est là que le fascia entre en scène.
Proposée pour la première fois il y a plus d’un siècle (Mueller et Fusenig 2004) et généralement désignée dans la littérature par le stroma (le microenvironnement du tissu tumoral), l’élément clé de cette relation est l’inflammation et la raideur de ce tissu. Il semble que ces deux éléments puissent réellement accélérer les processus néoplasiques (Albini & Sporn 2007, Whiteside 2008), augmentant la croissance tumorale. Ainsi, alors que des thérapies intégratives basées sur le corps (massage, yoga et acupuncture) sont utilisées pour améliorer les symptômes et la qualité de vie des patients atteints de cancer, l’idée existe que de telles thérapies puissent potentiellement aider le corps à se débarrasser d’un cancer.
Jusqu’à présent, les preuves sont loin d’être concluantes. Il n’a pas encore été prouvé que la raideur des tissus fasciaux puissent causer la prolifération de cellules tumorales. De plus, il a été démontré que les tumeurs se déplacent et s’éloignent tour à tour des zones de plus grande rigidité faciale (Spill et al. 2016).
Pourtant, il existe suffisamment de corrélation intrigantes pour que la Harvard School of Medecine (école de médecine d’Harvard) ait organisé en novembre 2015 le premier congrès conjoint sur l’acupuncture, l’oncologie et le fascia. Le congrès comprenait également des explorations de méthodes manuelles axées sur le fascia. Toutes les présentations ont été enregistrées sur vidéo et sont disponibles gratuitement en ligne (Osher Center 2015).
Deux choses sont certaines. L’une est que l’oncologie doit prendre en considération la place des approches corporelles et thérapie manuelles dans le traitement du cancer. L’autre est que des recherches plus poussées sur ces approches sont nécessaires afin de comprendre les mécanismes moléculaires sous-jacents et que ces approches puissent être adaptées plus efficacement au traitement du cancer. »
David Lesondak, « Diagnostiquer les dysfonctionnements du fascia », Le Fascia, un nouveau continent à explorer, ed : Ressources primordiales, Chapitre 7, p138.