La méthode Danis Bois

La pédagogie perceptive au service du vivant.
  • Thérapie manuelle de la profondeur. Danis Bois a notamment publié en 1992, Thérapie manuelle de la profondeur, pour présenter aux ostéopathes sa méthode de fasciathérapie-pulsologie, qui grâce à une interaction patient-thérapeute, conduit à la régulation du flux sanguin.
Dans son livre, Vincent Martinat présente la méthode Danis Bois. Une approche qui rappelle et enrichit l’accompagnement par le toucher intuitif. Fiche de lecture.

 

 

« Laissez-moi apprendre de mon corps, car là où il est, je suis »
Danis Bois, Le seigneur de la danse.

 

« Pour le meilleur de chacun… La pédagogie perceptive au service de votre vie », Vincent Martinat, Librinova.
 

A travers le témoignage de sa propre expérience personnelle, celle qui l’a amené à découvrir la technique de la pédagogie perceptive, que l’on nomme aussi somato-psychopédagogie (structurée sur la fasciathérapie), Vincent Martinat nous parle de son parcours interne, à la redécouverte de son corps, et externe dans une transition professionnelle suite à la 1ère séance, expérience fondatrice qui remettra du mouvement à la fois dans son corps et dans sa tête.

La pédagogie perceptive, crée par Danis Bois, est avant tout un processus de transformation : en accueillant son corps, son intelligence, et en ne cherchant plus à le maîtriser, se produit une régulation tonique des muscles de ce dernier. Et se révèle alors, la mémoire du vivant : l’empreinte tensionnelle du corps libère l’intime biographie corporéisée, et les émotions congelée dans la mémoire tissulaire se remettent en mouvement. « Chaque immobilité des tissus est le témoin de notre histoire, mais aussi de notre manière d’être vis-à-vis de celle-ci ».

En mêlant les passages sur ses propres prises de conscience et réflexions, et les retours de séances de patients et leurs compréhensions de l’acte de ressentir, initialisation de tout processus thérapeutique, Vincent Martinat nous révèle les différents outils de la pédagogie perceptive :

  1. La relation d’aide manuelle ou toucher de relation. C’est « un toucher touchant, une circulation d’informations ». Le praticien accompagne manuellement le mouvement du corps, le « mouvement interne » : un mouvement calme du corps qui n’engendre pas de mouvement. C’est un « accordage somato-psychique manuel » en lien avec l’enroulement / déroulement des fascias, qui réagissent au tonus de nos pensées aussi bien qu’aux contraintes mécaniques du corps (générant des pathologies dites « fonctionnelles »). Or, toute restriction quant à la mobilité des fascias crée un « état d’immobilité dans le corps, ainsi que dans l’attitude de la personne ». Entre les mains du praticien, et dans une relation de réciprocité, la personne à l’écoute d’elle-même laisse émerger cette sensation inédite, dans une profonde lenteur, cette perception du sensible : le mouvement interne : « qui nous renvoie à une conscience de soi si nouvelle, si inattendue, que les personnes ont du mal à trouver les mots pour la décrire… c’est un peu comme si vous vouliez décrire une nouvelle couleur ne figurant pas dans l’arc-en-ciel ou un état émotionnel inconnu des registres de la psychologie : aucune correspondance avec un phénomène connu ne peut être faite ». Cette perception du mouvement interne par le praticien se décompose en un suivi dynamique, où l’on accompagne le mouvement ressenti, et / ou d’un temps d’écoute plus statique que l’on nomme le point d’appui : c’est un temps où les mains s’arrêtent à un endroit précis et où l’on capte les effets de l’accompagnement (relâchement, apaisement, chaleur…), mais c’est aussi « une forme de négociation invisible, un prétexte pour changer d’orientation, accueillir la nouveauté, un nouveau départ, une nouvelle rencontre ».

  2. La relation d’aide gestuelle ou gymnastique sensorielle : elle permet d’entretenir les effets de la séance manuelle et de développer l’autonomisation de la personne. Cette gymnastique se décompose en une forme codifiée (avec des contraintes d’orientation, de rythme et de coordination permettant de déployer ses capacités d’adaptation) et une forme libre qui lui fait suite, où le geste est guidé par la spontanéité et l’immédiateté. Dans les deux cas, tout comme pour le toucher de relation, c’est la lenteur qui prédomine, permettant l’émergence du geste depuis la profondeur du corps et engageant la globalité de ce dernier, enrichissant la présence à soi-même. Le geste est expérience : l’orientation, l’amplitude, la vitesse participent à la découverte de sa propre identité, d’une caractéristique de soi.

  1. Le temps de verbalisation, qui permet d’extraire le sens des sensations corporelles perçues et ressenties : « Si la sensation est temporaire, le sens qui en émerge, la connaissance issue de l’expérience reste ! ». Cette verbalisation se réalise durant l’expérience elle-même (entretien en immédiateté) et sera suivie d’un entretien post-immédiateté. Plutôt que de chercher la solution dans la parole de l’autre, la personne trouve ses solutions dans son champ d’expérience : « autorévélation de soi à soi ». Et encore une fois, c’est par la sensation corporelle que le patient va tester la valeur de l’adjectif ou de l’adverbe employé : « le mot juste va résonner harmonieusement et accroître l’intensité du ressenti là où un terme moins adapté va diminuer l’intensité du ressenti ».

  2. Les ateliers d’écriture : cela permet de prendre le temps (encore et toujours) de déposer sa conscience et de laisser sa pensée prendre une forme nouvelle. La personne cherche à bouger ses fixités, ses habitudes comportementales (et donc posturales). Elle est dans une phase de déconditionnement. Ce retour réflexif, par le récit, par le partage de son parcours, révèle de nouvelles informations non perçues jusque-là, et permet l’émergence de nouvelles prises de conscience.

 

L’ensemble du travail se tourne ainsi vers la perception : « percevoir de nouvelle parties de moi, c’est accéder à d’autres parties de l’autre. ». La perception de son corps, mémoire vivante, met en lumière des tensions, des restrictions de mobilité, expression d’un évènement passé. Dans un processus d’intériorité, d’écoute du mouvement externe ou interne de son corps, en maintenant son état de présence à soi, nous prenons conscience que « le mouvement doit être une sorte de matrice de l’homme, de l’espace et du temps… ».

 

« Le mouvement n’est pas fait pour rester dans l’anonymat d’un corps ».
Danis Bois, Le seigneur de la danse.

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