Le massage comme l’aspirine combat l’inflammation

Si les masseurs exerçaient déjà leurs talents sur les athlètes de l'Antiquité, aucun scientifique n'avait jusqu'ici cherché à expliquer comment ce pétrissage pouvait procurer un effet bénéfique aux muscles

 

En 2012, l’équipe de Mark Tarnopolsky, du département de médecine de l’université McMaster (Canada), ont mis en évidence comment l’action du massage avait de tels effets sur les muscles. Elle a soumis onze volontaires à un exercice physique intense avant de leur offrir dix minutes de massage, mais sur une seule jambe. Avant l’exercice, une biopsie musculaire avait été pratiquée sur les deux jambes ; puis deux autres le furent, dix minutes après le massage et deux heures et demie plus tard. Résultat : dans les cellules de la jambe massée, les molécules inflammatoires sont beaucoup moins concentrées, comme si un médicament avait agi localement.

En fait, la pression des mains du masseur est détectée par des capteurs à la surface des cellules musculaires. Sous l’influence de cette pression, la structure chimique de petites protéines, les kinases, se modifie. Et celles-ci jouent un rôle dans le processus de transformation de messages mécaniques en messages biologiques : la première étape d’une longue cascade d’événements biologiques qui s’achève avec l’activation de certains gènes.

Un effet génétique

Ainsi, dans la jambe massée, l’expression de neuf gènes différents a été modifiée. L’un d’eux, la nucléoporine 88, est impliquée dans la diminution des mécanismes d’inflammation. Le massage réduit donc les douleurs dues aux microlésions musculaires de la même manière que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (comme l’aspirine ou l’ibuprofène) et, ainsi, limite l’apparition des courbatures.

De plus, les chercheurs ont découvert que le massage active l’expression d’une protéine impliquée dans la synthèse des mitochondries, ces petits organites cellulaires chargés de fournir de l’énergie aux cellules. Si leur nombre augmente, la machine énergétique sera plus efficace et la récupération musculaire se fera d’autant mieux. Ces travaux pourraient permettre d’optimiser le rythme et l’intensité des pressions à exercer sur la peau. L’art des massages pourrait alors être élevé au rang de science…

D’après Science & Vie QR n°16 « Nos cinq sens & leurs mystères »