Motricité, mobilité, motilité, les différences constatées et ressenties au niveau viscéral

Pour être compris, le mouvement viscéral se décrit avec des termes précis.
Par Benoît GOSSAY, masseur-kinésithérapeute et praticien en toucher intuitif.
  • Le péristaltisme de l’estomac
  • BibliographieOlivier Bazin et Marc Naudin, Manipulations des dysfonctions pelviennes féminines, chapitre 1, Elsevier Masson.

     

Qu’est-ce que la motricité dans le mouvement viscéral ?

La motricité est un mouvement induit par la contraction des fibres musculaires présentes au sein des tissus de chaque organe. Ce mouvement est induit par le Système Nerveux Autonome.

C’est au niveau des viscères présentant un mouvement de péristaltisme que l’amplitude du mouvement est la plus grande.

Le péristaltisme se manifeste par de grandes ondes de contraction, chargées de brasser, mélanger et faire progresser le contenu des viscères. Ces ondes concernent également les organes creux et sont sous dépendance nerveuse et hormonale.

 

Et la mobilité ?

La mobilité est un mouvement passif, lié à l’activité motrice du système musculo-squelettique et s’exprimant lors de la respiration et dans les AVQ (mouvement du tronc et des membres). Sous l’action des contractions musculaires – notamment celles du diaphragme thoracique et des abdominaux – les cavités abdominales et thoraciques se déforment, obligeant les organes et viscères à suivre le mouvement.

Les viscères sont déformables mais pas (ou très peu) compressibles.

  • Rôle de l’activité respiratoire : Le diaphragme effectue 20 000 mouvements par jour. Lors de l’inspiration, l’abaissement du muscle crée une surpression dans l’abdomen, qui est très peu compressible du fait de sa nature hydraulique. Cela entraîne un bombement de la paroi abdominale et une sollicitation du plancher pelvien vers le bas. Lors de l’expiration c’est le mouvement inverse qui se produit (lire notre dossier complet sur la respiration). Les viscères et organes s’engagent dans une suite de mouvements passifs, de glissements complexes s’effectuant simultanément dans plusieurs plans. Ainsi, la moindre fixation viscérale peut provoquer une sollicitation anormale des mécanorécepteurs et nocicepteurs locaux.

  • Rôle de l’activité cardiaque : le muscle myocardique se contracte en moyenne 100 000 fois par jour. L’impact de ce mouvement, généré par l’onde pulsatile, se ressent essentiellement au niveau de la cavité thoracique et sur les structures la composant (poumons, péricarde et gros vaisseaux). La structure en restriction, suite à une fixation, sera à l’origine d’une décharge nociceptive au niveau central.

 

Qu’entend-on par la motilité viscérale ?

La motilité est un mouvement intrinsèque de l’organe, c’est-à-dire que son mouvement se déroule en dehors de toute cause extérieure. Ce mouvement, non quantifiable par l’imagerie médicale actuelle, est lent et de faible amplitude. Il est le reflet de la « bonne santé » de la structure (organe ou viscère). La motilité d’un organe s’apprécie par une manœuvre d’écoute, la correction par des manœuvres d’induction.

 

Restriction de mouvement :

Toute entrave au mouvement viscéral prédispose l’organe à une mauvaise physiologie qui se traduira par des troubles fonctionnels.

Rappel :

  • Troubles organiques : troubles provoqués par une affection identifiable par l’examen clinique et tout autre examen complémentaire (imagerie médicale). Il existe une « lésion » pouvant être mis en évidence de façon objective.

  • Troubles fonctionnels : Il y a anomalie de fonctionnement d’un organe ou d’un système, ce qui se traduit par des douleurs. Physiquement ou structurellement, aucune lésion ne peut les expliquer (l’organe ou le système fonctionne mal, mais il n’est pas atteint physiquement). L’ensemble des examens cliniques est normal, la maladie n’a pas de support lésionnel. C’est le fameux « C’est dans votre tête ! », et on attribue souvent à tort l’origine de ces douleurs au stress, traduction sur le plan somatique d’une émotion.

Tout changement dans les mouvements de l’organe ou du viscère, en rapport avec ses axes ou son amplitude va entraîner des perturbations dans la motilité de l’organe, c’est la fixation viscérale. Cela implique, pour un organe ou un viscère, de perdre, en partie ou en totalité, la faculté de bouger. Les conséquences de la fixation viscérale sont des pathologies locales ou à distance, combinaison possible entre viscère, organe, muscle, fascia et os.

 

Fixation viscérale :

On distingue les fixations fonctionnelles où seule la fonction des organes en rapport est touchée, des fixations positionnelles où les organes et viscères perdent leur bon fonctionnement mais aussi leurs rapports anatomiques initiaux (exemple : en cas de ptôse rénale droite, le rein n’est plus en contact avec le foie, il y a perte de continuité anatomique entre les 2 organes).

En fonction de l’origine de la fixation, on distingue 3 catégories :

Fixations articulaires ou adhérences : Il y a une perte de motilité et de mobilité de l’organe ou du viscère, consécutif à un accolement local des séreuses provenant d’un phénomène de cicatrisation suite à des pathologies infectieuses ou des interventions chirurgicales.

  • Toute infection peut entraîner un abcès (après collection du pus), qui après cicatrisation va générer des adhérences avec les tissus environnants.

  • Toute intervention chirurgicale au niveau thoracique ou abdominale nécessite l’ouverture des cavités. Même si l’ouverture est minime comme pour une coelioscopie, l’air en pénétrant assèche les muqueuses ce qui est déjà un facteur d’adhérences. Les chirurgiens, malgré leur habileté, ne peuvent empêcher un processus d’adhérence au niveau des cicatrices.

Ces points d’ancrage pathologiques vont créer un état permanent d’irritation mécanique par frottement des tissus entre eux à l’origine de la fibrose.

Relâchements ligamentaires ou ptôses : On les retrouve plus fréquemment chez le longiligne asthénique (type fluorique) que chez le bréviligne tonique (type carbonique). Une hypotonie entraîne un relâchement musculo-ligamentaire permettant aux viscères un certain jeu.

Les dépressions nerveuses, de par leur origine centrale, influencent énormément le tonus musculo-ligamentaire ; la dépression peut s’accompagner d’une perte de poids qui favorise grandement la ptôse. En règle générale, toute atteinte somatique ou psychique suffisante pour stimuler le cortex, aura un effet viscéral.

Au fur et à mesure que l’on avance en âge, les tissus perdent en élasticité, faisant perdre de l’ampleur aux mouvements. Les tissus de soutien se relâchent et les structures viscérales se dirigent là où la pesanteur les entraîne : vers le bas essentiellement (typique des vessie, reins, utérus, côlon transverse…).

La multiparité est une des grandes causes de ptôse viscérale.

Viscéro-spasmes : Exclusivité des viscères du fait de leur double musculature lisse, à fibres longitudinales et à fibres circulaires transversales, assurant le péristaltisme. Sous l’effet d’une irritation pouvant avoir plusieurs causes, l’ensemble des fibres se spasme entraînant une stase au niveau de la zone. La motilité se trouve réduite dans son amplitude. Le phénomène reste local et est souvent limité dans le temps. Plus le viscère présente une lumière étroite, plus le retentissement fonctionnel est important. Le viscéro-spasme est asymptomatique à ses débuts, puis entraîne des troubles fonctionnels qui obligent l’organisme à puiser dans ses ressources d’adaptation.

Benoit Gossay,
MKDE et Praticien en toucher intuitif,
Formateur EMPSI.