Le lait, boisson à part…
- Un lobbying plus féroce qu’une vache à laitL’apparition du lait à l’école débute en Angleterre en 1934 par le Milk Act. Puis c’est le tour des USA, et enfin de la France le 26 janvier 1954, sous l’impulsion de Pierre Mendès France avant tout pour lutter contre l’alcoolisme. Aujourd’hui, l’industrie laitière en France représente 20% du chiffre d’affaire des industries agroalimentaires françaises. Elle est aussi le premier annonceur publicitaire de l’agro-alimentaire. Le CNIEL, Centre National Interprofessionnel de l’Economie Laitière a créé le CERIN, Centre de recherche et d’information nutritionnelle, « un organisme scientifique dont la mission est de favoriser le développement et la diffusion des connaissances sur les relations entre alimentation et santé », et dans la foulée la Nutrinews, revue d’actualités scientifiques qui martèle l’intérêt que présente les laitages. L’industrie laitière finance en partie l’IFN, Institut Français pour la Nutrition. En 2005, L’AFSSA (désormais ANSES, Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) avait, parmi ses 23 experts, 20 administrateurs dont le président, qui avaient des liens de collaboration avec l’industrie laitière (13 travaillaient chez Danone). Toujours en 2005, le patron du PNNS, Plan National Nutrition et Santé, avait 16 liens avec l’industrie agro-alimentaire dont Candia et Danone.
« Je boierai du lait le jour où les vaches mangeront du raisin »
Jean Gabin.
/ Le lait maternel n’est pas un lait de vache
Le lait maternel possède 7 facteurs de croissance. Il permet à un enfant de prendre 5 kg environ pendant sa première année de vie, et de construire ses systèmes nerveux central (le cerveau) et périphérique (moëlle épinière).
Le veau, de son coté, prend environ 150 kg sur la même période, mais son cerveau ne bouge pas… Le lait qu’il boit ne possède que de 3 facteurs de croissance : IGF (dont nous reparlerons), TGF et EGF, permettant la construction de la peau, des muscles et du squelette. Il possède aussi des taux élevés en oestrogènes et progestérone. A quantité égale, le lait maternel contient deux fois moins de calcium que le lait de vache.
/ Histoire et lobbying
L’apparition des laitages dans l’alimentation humaine remonte à l’âge du néolithique, avec l’apparition de l’élevage, il y a 10 000 ans, dans certaines régions du monde seulement, notamment l’Europe du Nord. Ainsi la capacité des adultes à digérer le lait de vache sans trop d’inconfort ne concerne qu’un tiers de l’humanité ; les autres ne possédant pas le gène capable de métaboliser le sucre du lait : le lactose.
De nos jours, la composition du lait classique est bien différente de celui des origines, du fait que les tourteaux de soja ont souvent remplacé l’herbe, entraînant une augmentation des acides gras oméga 6 (pro-inflammatoire) et une diminution des oméga 3 (anti-inflammatoire). Par ailleurs, la stérilisation UHT (Ultra Haute Température) entraîne la dégradation des protéines du lait les rendant inassimilables pour l’organisme : les veaux eux-mêmes ont la diarrhée avec le lait industriel. S’y ajoutent divers polluants : pesticides, résidus de médicaments (antibiotiques notamment). Soulignons qu’une vache de l’époque des Beatles produisait en moyenne 20 litres par jour. A l’ère de la musique en streaming, elle produit plutôt 60 litres en 24 heures. On comprendra que le triplement de la production n’a pu se faire sans altération du produit.
« Croire que l’ostéoporose est due à un manque de calcium, c’est croire que les infections sont dues à un manque de pénicilline »
Pr Mark Hegsted, Université de Harvard.
/ Calcium et Ostéoporose
Selon les études épidémiologiques, il n’ y a pas de corrélation entre la densité osseuse, la consommation de calcium, la vitamine D et l’ostéoporose… Il n’existe pas de corrélation entre la densité osseuse et le risque de fracture du col du fémur…
Il existe un processus au niveau de nos os qui s’appelle le remodelage osseux : les BMU, Basic Multicellular Unit, sont des usines qui passent leur temps à détruire de l’os pour en fabriquer du neuf, ils ont une durée de vie de 6 à 9 mois et permettent de régénérer complètement le squelette d’un adulte en 10 ans par l’action de cellules spécialisées : ostéoclastes d’une part (les démolisseurs qui agissent par acidification et digestion) et ostéoblastes d’autre part (les bâtisseurs) ! Le problème est que la quantité des ostéoblastes est limitée, nous possédons un stock fixe pour la vie, mais pas celle des ostéoclastes…
Les aliments riches en calcium stimulent le processus de remodelage osseux. L’IGF 1, Insulin Growth Factor 1, hormone présente dans le lait et dont nous reparlerons plus loin, est un moteur de la croissance et de la réplication de toute cellule ; elle stimule le remodelage osseux. Mais le lait est un aliment acide qui entraîne au niveau des os la destruction du tissu osseux par les ostéoclastes afin d’utiliser le carbonate de calcium pour « tamponner » l’excès acide. Plus on mange de protéines animales (le lait c’est de la viande liquide), plus on élimine de calcium dans nos urines. A force, il y a un épuisement du stock limité d’ostéoblastes qui viennent à manquer. Les ostéoclastes continuent seuls leur travail : c’est l’ostéoporose !
Autres sources possibles de calcium : sardines fraîches, amandes, persil frais, crevettes, olives vertes, noix et noisettes, pissenlits, cresson, jaune d’oeuf, figues fraîches…
/ Lait et hormones sexuelles féminines
Les oestrogènes et la progestérone sont présents dans le lait de vache provenant d’une production endogènes de l’animal, elles s’ajoutent donc aux hormones produites par le corps humain. De plus, les graisses saturées des laitages stimulent la production naturelle d’hormones sexuelles chez l’humain. Les oestrogènes ont la capacité de freiner la synthèse des ostéoblastes (ce qui allongent ainsi leur durée de vie) et inhibent le travail des ostéoclastes (pendant la première partie du cycle menstruel). Cela pose un problème au moment de la ménopause, où les niveaux hormonaux s’écroulent chez la femme, entraînant un remodelage osseux frénétique. On sait qu’un excès d’hormone est nocif pour la santé, alors qu’en est-il quand, à la consommation de lait, s’ajoutent les hormones de la pilule ou du traitement hormonal pour la ménopause ?
/ Le lactose
75 % des humains ne sont pas capables de digérer ce sucre présent dans le lait ce qui entraînent, entre autre, des douleurs intestinales, ballonnements et diarrhées. Les exceptions sont les blancs d’origine d’Europe du Nord et de la région de l’Oural ainsi que les tribus nomades à travers le monde qui pratiquent l’élevage depuis le tout début, c’est à dire 10 000 ans. En cause : l’absence du gène pour synthétiser la lactase, enzyme qui transforme le lactose en galactose et glucose qui eux sont à même d’être digérés par notre organisme.
Avec l’âge, si l’on en est pourvu, la quantité en lactase diminue. Ainsi à l’âge adulte, l’activité de la lactase est réduite de 90%. On parle d’hypolactasie. Si la lactase est absente du système digestif, le lactose non digéré en glucose et galactose est métabolisé par les bactéries intestinales en produits de fermentations et autres agents toxiques qui agissent sur les systèmes nerveux, cardio-vasculaires, immunitaire et sur les muscles entraînant une intoxication généralisée se traduisant par : maux de tête, sensation de vertige, difficulté à se concentrer, troubles de la mémoire, fatigue intense, douleurs musculaires et articulaires diverses, allergies (eczéma, prurit, rhinite, sinusite, asthme…), arythmie, ulcère de la bouche, maux de gorge… Un régime de 12 semaines sans lactose est nécessaire pour retrouver une santé correcte. Notons qu’au niveau des produits laitiers, seuls les fromages contiennent des quantités marginales de lactose.
L’industrie agro-alimentaire est une grande consommatrice de lactose qui a un pouvoir sucrant modéré (6 fois moins que le sucre normal) et qui n’est pas dégradé par les levures. Ainsi, on le retrouve dans les produits de boulangerie où il favorise la réaction de brunissement du pain, dans les gâteaux industriels, les chips, pommes de terre frites, pâtes, charcuterie, confiseries, soda, bière et les excipients des médicaments.
/ La caséine
Issu du latin caséus, qui signifie fromage, elle constitue la majeure partie des composants azotés du lait : elle représente en effet 82% des protéines pour le lait de vache contre 40% pour le lait maternel.
Contrairement à la caséine humaine, celle issue du lait de vache précipite en milieu acide et donc dans l’estomac sous l’action du suc gastrique (notamment la présure sous forme de chymosine / enzyme présente chez le nourrisson).
Elle est utilisée en oenologie pour prévenir ou corriger la madérisation et le jaunissement du vin blanc, dans la peinture et ce depuis la Rome antique car c’est un excellent liant. Enfin c’est une colle naturelle capable de rivaliser avec les colles phénoliques issues de la synthèse pétrolière, déjà utilisée par les charpentiers au Moyen-Âge mais aussi dans la construction des avions en bois comme lors de la seconde guerre mondiale par la société canadienne De Havilland.
Comme nous le verrons, elle est utilisé comme source de protéine facilement assimilable dans le domaine sportif mais aussi elle protège le facteur de croissance IGF de la digestion favorisant ainsi son passage dans la circulation sanguine… et stimulant la survenue de certains cancers.
/ Lait et facteurs de croissance
Comme nous le disions en préambule, le lait maternel possède 7 facteurs de croissance, permettant à l’enfant de prendre du poids et de développer ses systèmes nerveux central et périphérique. Le lait de vache contient 3 facteurs de croissance IGF, TGF et EGF. Il est conçu pour permettre une croissance rapide.
L’IGF-1 Insulin Growth Factor-1 est donc, comme son nom l’indique, un facteur de croissance, une hormone protéique : il permet aux cellules de se multiplier. Il agit à la fois sur la croissance des cellules mais aussi sur le métabolisme d’une façon générale comme un engrais. L’IGF-1 humain est identique à l’IGF-1 bovin, mais Monsanto est passé par là avec la création d’un IGF-1 recombiné, c’est à dire semi-synthétique,autorisé depuis 1993 aux USA pour son usage sur le bétail : les vaches prennent plus de poids et plus vite !
Dans les années 80, le lait de vache contenait 3ng/mL d’IGF-1, les mesures récentes montrent des taux 10 fois plus élevé ! Dans notre organisme, en trop petite quantité, il y a un risque accru de maladies cardio-vasculaires, d’ostéoporose, de diabète de type 2 et de déclin cognitif, mais en trop grande quantité c’est un acteur majeur du risque de certains cancers : plus son taux est élevé dans le sang plus il y a une augmentation du risque de cancer du sein, de la prostate (une étude de l’OMS de 1986 montre une corrélation entre la consommation de lait par habitant et la mortalité par cancer de la prostate / le constat est identique pour la World Cancer Research Fundation et l’ American Insitute for Cancer Research en date de 1987) et des poumons. Il faut savoir que l’IGF-1 présent dans le lait de vache n’est pas complètement détruit par le processus de la digestion et qu’il passe d’autant mieux dans le sang qu’il est couplé à la caséine, qui le protège de la dite digestion.
Le professeur Jeff Holly de l’université de Bristol émet l’hypothèse selon laquelle l’IGF-1 entraînerait la suppression de l’apoptose au niveau cellulaire.
/ Les intérêts du lait…
La consommation de lait permettrait une diminution du risque de cancer du côlon, mais rien de comparables avec les fruits et céréales complètes (diminution du risque de 15% contre 40 %, mais il existe de fortes variations en fonction des études). Les lactobacilles (bactéries qui fermentent le lait) ont une action sur les diarrhées infectieuses ou provoquées par des traitements antibiotiques. Ils diminuent le risque de rechute en cas de colite ulcéreuse. Ces bactéries sont présentes dans les yaourts mais aussi dans les autres aliments fermentés ou marinés (comme les cornichons ou les olives).
/ …et ses risques.
Selon le professeur Henri Joyeux (Chirurgien cancérologue à la faculté de médecine de Montpellier fort décrié par ses pairs pour ses positions sur la vaccination) la consommation en laitage ne doit pas excéder un ou deux produits. Au contraire, les autorités françaises campaient sur leur position depuis 2003 en incitant à consommer 3 à 4 laitages par jour (AFSSA : Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments et PNNS : Plan National Nutrition et Santé)
A Lyon, le Centre International de recherche sur le Cancer a mis en évidence que le risque de cancer des testicules augmente avec la consommation de fromage et que le risque de cancer de la prostate augmente avec la consommation de laitage (et notamment le yaourt, selon le British Journal of Nutrition de mars 2006). Une explication avancée proviendrait du fait que les vaches sont traites pendant leur gestation avec des taux anormalement élevés d’hormones sexuelles dans le lait et les laitages obtenus.
On remarque aussi que les femmes qui boivent le plus de lait ont un risque accru de cancer des ovaires, la cause en incomberait aux taux élevés de galactose (sucre de dégradation du lactose) mais cela reste à confirmer.
Enfin, sur le plan des maladies auto-immunes que sont le diabète de type 1 dit insulino-dépendant et la sclérose en plaque, il existe une piste commune partagée par le professeur Michael Dosch du Hospital for sick children de Toronto, Canada selon laquelle d’une part ces 2 maladies sont presque identiques d’un point de vue génétique et d’autre part que des protéines du lait ou des fragments de protéines du lait passés dans le sang à partir des intestins auraient déclenché une réaction du système immunitaire (lire : Le système nerveux impliqué dans le diabète et La sclérose en plaque et le diabète sont liés). Une autre piste se tourne vers l’insuline bovine identique à l’insuline humaine à 3 acides aminés prêts et qui entraînerait une réponse immunitaire dirigée dans un 1er temps contre l’insuline bovine puis qui se retournerait contre la propre hormone de l’enfant.
A ce jour, différentes études montrent qu’un excès de laitage (au delà de 2 laitages par jour) est responsable de différentes pathologies dont voici la liste :
surpoids allant à l’obésité.
- allergies.
- troubles digestifs.
- encombrements ORL à répétition.
- maladies auto-immunes du système nerveux, de la peau, des intestins (grêle et côlon), des articulations.
- augmentation du risque de cancer du sein, de la prostate, des testicules.
- aggravation de l’ostéoporose.
/ De l’intérêt du lait pour les sportifs d’endurance
Si vous êtes de ceux qui avez la possibilité de digérer le lait et que vous pratiquez les sports d’endurance, course à pied, cyclisme et autre, ce qui suit est pour vous !
De façon générale, les protéines et donc leur structure de base, les acides aminés notamment la Leucine, l’Isoleucine et la Valine (que l’on retrouve dans les divers préparations diététiques pour sportifs mais surtout dans les aliments d’origine animale) permettent de mieux encaisser les lourdes charges d’entraînement et ainsi d’enchaîner les séances. Elles agissent en atténuant les courbatures, en protégeant d’une baisse du système immunitaire, en accélérant la re-synthèse du glycogène et enfin en épargnant la destruction des muscles.
Une dose de 5 à 10 g suffit largement pour récupérer d’un gros effort en endurance (nous sommes loin des « culturistes » et autres « bodybuilders » qui ont besoin de 25 g de protéines après une séance pour une prise de masse musculaire). D’où la mode du verre de lait après l’entraînement, car le lait de vache présente une concentration de 3,5 g de protéines par 10 cL.
L’autre avantage du lait, c’est la présence de glucides, le fameux lactose, dont le corps a besoin pour reconstituer les réserves. Mais il est nécessaire de le prendre en version allégée en matières grasses (1,8 %) pour éviter les surplus de calories moins utiles à la récupération. De plus, les protéines permettent d’accélérer la synthèse du glycogène, en stimulant la production d’insuline (hormone indispensable au transport du glucose et à son incorporation dans la cellule musculaire, première étape dans la re-synthèse du glycogène). Encore une fois le lait répond à ce point en couplant protéine (caséine ) et sucre (lactose).
Les protéines permettraient d’atténuer les douleurs ressenties après un exercice intense : en effet, en cas d’élévation de l’apport protéiné, il y a une diminution des taux de substances considérées comme des bons marqueurs des dommages musculaires (créatine kinase, aldolase, myoglobine, lactico-déshydrogénase). Plus la prise est espacée dans le temps (en heures, voire en jours), moins il y a de douleurs ressenties.
En période d’entraînement intense, il y a une fragilité face aux infections de toute nature et notamment les atteintes de voies aériennes supérieures. Cela provient d’une diminution des globules blancs (lymphocytes T) dans la circulation sanguine. En assimilant plus de protéines, on peut plus facilement revenir à un taux normal : entre 1g et 3 g de protéines / kg de poids corporel et par jour (les fluctuations dépendent des spécialistes) est suffisant. Dans tous les cas, la certitude est la suivante : éviter de faire coïncider les efforts intenses et les situations de carences en protéines.
Enfin, la prise de protéines après l’effort permet d’épargner les protéines musculaires : après un effort intense, la glycémie a tendance à descendre fortement, nécessitant un processus dit de « néoglucogénèse » se déroulant au niveau du foie : fabrication de glucose à partir de protéines. Si la quantité de protéines en stock est insuffisante, l’organisme sacrifie une partie des protéines constituant les muscles. Encore une fois le lait avec son double apport sucre et protéines est un aliment de choix ! pourvu qu’on le digère… et qu’il soit exempt de substances chimiques inutiles.
Le lait serait donc un aliment de choix pour les sportifs lors de la récupération, d’autant plus que la forme liquide prévaut sur le solide car les intestins sont peu vascularisés pendant l’effort (le sang est réorienté vers les masses actives désertant les muqueuses digestives qui s’assèchent).
La meilleure source de protéines semble être les « whey proteins » ou protéines de « petit-lait », résidu du lait après extraction des matières grasses pour faire du beurre, de la crème ou du fromage. Ce liquide est très riche en protéines dont l’alpha-lactalbumine ou la caséine qui contiennent à haute dose un acide aminé appelé la Leucine, doté de capacités régénératives sans équivalent. De plus ces protéines sont qualifiées de « protéines rapides » car elles sont très faciles à digérer.
Le problème du lait réside dans sa concentration trop faible en sucre pour être optimale pour la récupération. L’adjonction au lait de poudre de cacao riche en sucre pallie à ce manque.
Les tests du lait chocolaté par rapport aux produits spécifiquement conçus pour la récupération sont sans équivoque : autant la reconstitution du glycogène s’effectue à la même vitesse dans les 2 cas, autant la prise de lait chocolaté améliorerait la synthèse protéique musculaire de 38% par rapport aux autres produits (ce qui correspond à la reconstruction musculaire). De plus, le lait chocolaté lutte plus efficacement contre la déshydratation… sauf comme l’explique Tim Noakes dans son livre « Lore of running » que la prise de lait juste après l’effort peut avoir un effet délétère sur le transit avec l’apparition de diarrhées (intolérance au lactose !) et que comme on le sait, des selles liquides n’ont jamais aidé personne à bien se réhydrater.
Deux explications sont possibles :
A. Le lait chocolaté provoquerait un pic d’insuline plus marqué que les boissons énergétiques, boostant de cette façon la chaîne métabolique.
B. Les facteurs de croissance présents dans le lait favoriseraient les filières de reconstitution. Ces mêmes facteurs de croissance dont on connaît désormais les effets délétères sur la santé.
Le lait chocolaté : boisson miracle du sportif d’endurance ?! oui, mais… du fait de la fragilisation de la muqueuse intestinale, il y a un risque de passage dans le sang de fragments de protéines, entraînant selon certains scientifiques des risques accrus d’inflammation, de blessures et autres usures articulaires.
Bon le lait c’est bon ou pas ?! En 2012 lors d’un congrès sur l’autisme aux USA, le prof Stanislaw Kaminski, chercheur à l’Université d’Olsztyn en Pologne, a remis la balle au centre : tout dépend du type de vache qui produit le lait !
Il faut savoir que la protéine Bêta-caséine du lait peut présenter de petites mutations. Ces modifications entraînerait une réaction du système immunitaire avec un processus inflammatoire qui serait impliqué dans des maladies cardio-vasculaires, articulaires, métaboliques (diabète ) et syndromes autistiques : cette forme de caséine mutante libère des peptides appelés « exorphines » qui interagissent avec des récepteurs cérébraux et/ou sensoriels, entraînant des problèmes comportementaux. Il semblerait que ces interférences agissent aussi sur des zones cérébrales chargées du contrôle de la douleur en lien avec la fibromyalgie.
Or, ce sont les vaches de la variété Holstein, celle avec de grandes taches noires qui produisent cette caséine modifiée. Cette race s’est imposée au milieu des années 70 pour ses productions hors-normes à la traite. Elle représente désormais 80% de la production mondiale, les 20% restant provenant des vaches Jersey et Guernesey où cette « mauvaise caséine « est beaucoup plus rare.
Alors que la filière lait souffre aujourd’hui d’une grave crise, le groupe Lactalis, premier groupe laitier mondial, a senti l’opportunité ! Lactel, sa marque phare vient de lancer sur le marché Sportéus, une nouvelle boisson lactée destinée aux sportifs, ou plutôt à destination des consommateurs qui font environ 3 heures de sport par semaine, soit 10 millions de français ! A boire dans les 30 minutes après l’entraînement !
Lactel a développé, en partenariat avec l’Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance, ce nouveau produit. C’est l’Institut qui aurait fait les démarche auprès de Lactel car selon Jean-Pierre de Vincenzi, directeur de l’Insep, « Lactel bénéficie de valeurs similaires aux nôtres, comme l’excellence et la performance. Des atouts clés pour créer un partenariat entre nos deux entités ». La petite bouteille de 275 mL, vendue à l’unité au prix de 1,50 euros ( soit 5,45 euros le litre contre en moyenne le litre de lait écrémé à 0,91 euros ) se compose de lait écrémé délactosé (91,3 %), sucre, protéines de lait (3%) dont Prolacta (1,4 %) ce qui fait 16,5 g de protéines par bouteille, maltodextrine, arôme, stabilisant : E339, vit B1 et B12 et colorant (bêta-carotène 3%).
/ Cancer : du dopage aux laitages.
De nos jours à chaque nouveau cas de cancer chez un ancien sportif de haut niveau plane la question du dopage… Se dopait il ? et si c’est le cas, est ce que ce sont les produits qu’il a pris durant sa carrière sportive qui sont la cause de ses problèmes de santé ?
Les risques accrus de cancer par une trop grande consommation de produits laitiers ne sont plus à prouver de nos jours… Alors d’ici quelques décennies, quand un ancien sportif de haut niveau sera diagnostiqué cancéreux, se posera-t-on la question de sa consommation de produits laitiers et autres dérivés dans son alimentation générale ou comme substitut de repas ? comme boisson de récupération ?…
Benoît GOSSAY
Bibliographie :
- Milk, the deadly poison : le lait poison mortel, Robert Cohen.
- Lait, mensonge et propagande, Thierry Soucard.
- Sport et vie, hors-série n°34, « Mangez mieux Mangez moins », Experts indignes.
- Sport et vie, hors série n°37, « Réveillez le paléolithique qui sommeille en vous », Les enfants du lait.
- Sport et vie n°146, « Pas de bras, pas de chocolat », Denis Riché.
- Sport et vie n°149, « Protéines : pas seulement pour jouer les gros bras ! », Louise Deldicque et Marc Francaux.