La méthode Alexander
Pour l’apprentissage de la technique Alexander, il est possible de se rapprocher de l’Association Française des Professeurs de la Technique Alexander.
BIBLIOGRAPHIE :
L’usage de soi, F.M Alexander, éditions Contredanse.
Vers un contrôle constructif conscient de l’individu, F.M Alexander, éditions Amal.
Le bon geste, Joël Carbonnel, éditions Actes Sud.
La technique Alexander, Pedro Alcantara, éditions Dangles.
C’est en découvrant que la mauvaise utilisation de soi affecte ses fonctions physiques qu’il met au point la méthode Alexander.
Elle s’est répandue dans le monde et est utilisée dans de nombreux domaines tels que : la musique, le chant, la danse , l’équitation et le développement personnel.
Les principes de la méthode Alexander.
Alexander mit en évidence l’interaction constante entre le physique, le mental et l’émotionnel : « L’attitude mentale ou les états émotionnels déterminent l’attitude corporelle. De même, les tensions physiques jouent sur le mental ou sur la couleur des émotions ».
Nous avons parfois acquis de mauvaises habitudes pour nous tenir et nous mouvoir : nuque cassée, tête rentrée dans les épaules, épaules contractées, dos courbé ou trop cambré, poitrine affaissée. Toutes ces habitudes génèrent douleur, altération et dysfonctionnement de notre état général. Désapprendre ces attitudes et retrouver une bonne utilisation de soi est le but de la méthode Alexander.
Cela implique principalement de redéfinir la relation juste et dynamique entre la tête, le cou et le dos. Tous les exercices de la technique Alexander reposent sur ce schéma : trouver l’empilage tête-cou-dos pour arriver à fonctionner dans son axe.
La façon dont la personne réagit à toute stimulation interne ou externe détermine la qualité de ses actions, de son fonctionnement et de ses possibilités d’évolution harmonieuse.
Dans la technique Alexander, comme dans le massage intuitif, on considère que la personne est un être global : ce qu’il pense, ce qu’il ressent a une influence sur son environnement. Le praticien Alexander incite son élève à travailler la relation entre la pensée et les gestes. Il y a souvent un dysfonctionnement entre ce que l’on fait et ce que l’on croit faire. Par exemple, en redressant le dos de quelqu‘un qui se tient toujours courbé en avant, la personne a l’impression de basculer en arrière. Sa mauvaise posture lui semblait la plus naturelle et confortable. Le praticien va mettre en lumière avec la personne que toute mauvaise utilisation de soi s’accompagne de sensations internes trompeuses. Il va justement tenter d’ancrer dans le corps et le mental la plus juste posture pour des mouvements fluides et moins douloureux. Il fait prendre conscience à la personne de son schéma corporel. Un autre usage de soi, plus conscient et plus respectueux de soi-même permet parfois de dépasser des limites physiques stressantes ou handicapantes.
Découvrir les origines de la souffrance, puis se débarrasser de cette dernière, permet d’accéder à de nouvelles sensations, plus fines, plus subtiles. Grâce à ce travail de prise de conscience de soi, la technique Alexander permet à la personne d’explorer ses mécanismes internes , c’est-à-dire son système de pensée, sa manière de bouger, la façon dont elle gère ses émotions . Au fur et à mesure de l’apprentissage, l’élève devient capable d’élargir progressivement sa conscience de lui-même, d’augmenter son contrôle de soi et d’inclure, à sa guise, des informations supplémentaires sans risquer de s’embrouiller.
Exemple d’un exercice d’application utilisé en méthode Alexander.
Le jeu de la chaise : pour tester sa manière de s’utiliser et sa manière de penser.
S’asseoir : en général, lorsqu’on s’assied, on le fait automatiquement, en pensant à autre chose. Souvent la tête part en arrière, le cou se contracte, les épaules se voûtent et le dos se casse en deux… bref beaucoup d’efforts et d’énergie dépensés pour si peu, et si souvent !
Se lever : idem, la tête, le cou, le dos, les jambes, les hanches ne se coordonnent pas spécialement et des forces contraires se combattent, ce qui nous fatigue, nous use et nous raidit, malgré nous.
Il y a deux causes essentielles à cela : un usage corporel incorrect, et la volonté d’atteindre un but (s’asseoir, se lever), en oubliant les moyens de le faire.
Le jeu de la chaise est intéressant dans le sens où il permet d’améliorer son usage de soi et de se détacher du but. Concrètement, on « s’amuse » à :
- pratiquer le « stop » , c’est-à-dire marquer une pause avant de s’asseoir ou de se lever, pour « arrêter de vouloir le faire ».
- ne pas focaliser sur le résultat : s’asseoir – se lever.
- se donner trois directions de base : cou libre, tête vers l’avant et vers le haut, dos qui s’allonge et s’élargit. C’est ce qu’on appelle en Alexander le contrôle primaire.
- Garder des jambes paresseuses et orienter mentalement les genoux vers l’avant.
- Utiliser le moins d’énergie possible.
- Se laisser aller à s’asseoir et se lever très tranquillement, en gardant la tête, le cou et le dos reliés.
Un outil pour le massage intuitif ?
Je trouve que cette technique est en bonne synergie avec ma pratique du massage de relaxation. En effet, je vois souvent des gens « déformés » dans de mauvaises postures, où douleurs diverses et souffle raccourci les installent dans la fatigue et le stress.
Un travail corporel préalable grâce à la technique Alexander, avec des exercices et une prise de conscience de son schéma corporel donne à la personne massée une plus grande conscience de son corps et peut-être même un meilleur ressenti du massage reçu. Cette prise en charge de la personne me semble « simple » et efficace. Ma pratique du yoga m’a permis justement de trouver une meilleure posture et un souffle plus libéré dans ma vie quotidienne, mais cela prend de nombreux mois, années, et une grande disponibilité pour en avoir les effets physiques et mentaux. J’ai remarqué que les exercices de yoga rebutent la plupart des gens qui souffrent de douleurs dorsales et articulaires. Il me semble que la technique Alexander est un outil plus accessible et concret pour apprendre à se décontracter et ajuster la manière de se tenir. La personne a en quelque sorte « la preuve » de son mauvais schéma grâce à l’aide du praticien qui va le guider dans des sensations justes, et lui faire retrouver un schéma corporel et mental confortable.
Pour moi aussi, dans ma pratique professionnelle, les notions de posture et de mauvais usage de soi sont devenues primordiales et font autant partie de mon identité de masseuse que mon bagage psychologique. Par exemple : régulièrement, pendant un massage, je m’aperçois que je suis « tordue » sur la personne que je masse dans une attitude corporelle qui ne me convient pas mais que je fais par automatisme. Trop penchée, dos courbé, la tête en dehors de l’alignement de la colonne vertébrale. Je me suis donné comme petit « jeu » de rectifier cela chaque fois que j’en avais conscience, et surtout d’en prendre conscience plus souvent pour me débarrasser de cette posture. Eh bien ça marche ! Chaque fois que je rectifie, mes gestes deviennent plus fluides, plus posés. Et cette remise en place corporelle entraîne immédiatement d’autres « réglages » :
- ma respiration se re-pose : abdominale, poumons relâchés, plexus tombant.
- j’ai une sensation d’ancrage qui me relie au sol et me laisse la tête légère pour laisser la place à l’intuition et au ressenti.
En revanche, je ne sais pas dans quel ordre cette réaction en chaîne peut se faire : on peut commencer par sentir l’ancrage pour que la respiration et la posture soient justes, ou alors mieux respirer pour accéder à l’ancrage et au « déploiement » du corps plus juste. C’est l’expérience qui me guidera, et je sens que je progresse : pendant les massages, mais aussi dans la vie courante, je me rends compte petit à petit que je dois de moins en moins souvent rectifier ma posture, et que c’est plus au niveau de ma respiration que je peux travailler.
Changer notre posture en se débarrassant de nos mauvaises habitudes corporelles ou mentales, organiser sa pensée, se détacher du résultat, admettre que notre mental et notre corps, nos émotions et nos actions sont en perpétuelle interaction : ces thèmes ont été explorés il y a cent ans par Mr Alexander, et j’admire sa volonté, son originalité et la modernité de son travail. Cette approche par le toucher et la parole m’ont fait penser à mon propre apprentissage du massage intuitif et de la relaxation, et j’ai été étonnée de découvrir les nombreux domaines d’application de cette méthode. La méthode Alexander ne fait pas partie des thérapies psycho-corporelles, elle est plutôt un mode d’éducation somatique. Elle a toute sa place dans la pratique du massage intuitif.
Delphine HENRY
www.lheuredumassage.fr